Dans son rapport, Amnesty accuse le Qatar d'avoir failli à sa promesse, faite en mai 2014, d'introduire plusieurs réformes, comme le versement des salaires, l'abolition du système de parrainage dit "Kafala" qui met l'employé à la merci de son employeur ou encore la désignation de 300 inspecteurs du travail avant fin 2014.
Selon Amnesty, qui se base sur des statistiques de l'Inde et du Népal, les deux plus grands pourvoyeurs de migrants, 441 travailleurs originaires de ces deux pays sont morts au Qatar en 2014. Amnesty ne précise pas les causes des décès.
Le Qatar reconnaît un retard
Des responsables ont admis début mai que les réformes prenaient plus de temps que prévu, tout en réaffirmant leur volonté de changer la situation.
Le ministre du Travail, Abdallah Ben Saleh al-Khulaifi, se dit "à 90%" certain que le système de la "Kafala" serait remplacé vers la fin de cette année, ajoutant que le système de protection des salaires serait opérationnel d'ici la mi-août.
afp/fb
La FIFA réagit
Amnesty a appelé la Fédération internationale de football (Fifa), qui tient la semaine prochaine son congrès pour élire un nouveau président, à "accorder la priorité" à ce dossier et à "exhorter les autorités qataries, publiquement et en privé, à mettre en oeuvre de véritables réformes pour protéger les droits des migrants".
La Fifa a répondu par un communiqué en affirmant avoir, "de manière répétée, alerté publiquement" le Qatar à ce sujet, et vouloir "continuer d'exhorter les autorités qataries à accomplir les réformes et abolir le système de la Kafala".
L'organisme dirigeant du football mondial se félicite que sa Coupe du monde "serve de catalyseur à un changement significatif" de la situation des travailleurs immigrés et souligne "qu'aucun des incidents mentionnés dans le rapport ne s'est déroulé sur les sites des stades".
Journaliste de la BBC arrêté
La publication du rapport, intitulé "Promettre peu, faire moins: le Qatar et les abus sur les migrants avant le Mondial-2022", survient dans un contexte de turbulences pour l'émirat.
Lundi, la BBC a indiqué qu'un de ses journalistes avait été détenu pendant 24 heures à Doha après avoir filmé un groupe de travailleurs népalais employés sur un des chantiers.
En outre, deux sponsors officiels de la Fédération internationale de football (Fifa), Coca Cola et Visa, ont exprimé mercredi leurs inquiétudes sur les conditions de travail des immigrés sur les chantiers.