Alors qu'elle en traque des membres, Interpol est aussi financée par la FIFA

Ce partenariat avec la FIFA - qui serait le plus gros accord d'Interpol avec un donateur - a été conclu autour d'un programme d'éducation et de prévention pour "protéger le sport, les joueurs et les fans de la fraude et de la corruption". Bien que dans ce cas précis, les matches truqués et les paris sportifs illégaux sont visés, ce partenariat a tout de même de quoi surprendre au moment où Interpol placarde sur son site les portraits des anciens dirigeants recherchés de la FIFA.

Philip Morris ou Microsoft comme contributeurs

Interpol a d'ailleurs conclu beaucoup de partenariats privés par le passé, par exemple avec Microsoft pour lutter contre la cybercriminalité. Mais un autre accord interpelle: en 2013, une enveloppe de 15 millions d'euros sur trois ans a été allouée à Interpol par Philip Morris International (PMI), pour lutter contre le trafic illégal de cigarettes, explique Politico.

Théoriquement, il n'y a pas de conflit d'intérêt. Interpol a déjà précisé par le passé que son accord avec PMI lui garantit une totale indépendance et sa neutralité.

Par contre, on peut s'interroger sur les efforts de transparence. Selon les statuts de l'organisme, lorsqu'il s'agit d'un don ou d'un sponsoring, rien n'oblige l'assemblée générale d'Interpol à voter l'accord. Seul le comité exécutif décide.

Des moyens croissants grâce aux dons

Finalement, Interpol a-t-elle besoin de ces dons potentiellement gênants? Face à d'autres organisations internationales, l'organisation basée à Lyon dispose de moyens plutôt modestes. Même si sa capacité financière a plus que triplé depuis la fin des années 1990.

En 2011, l'année où la FIFA et Interpol ont signé leur contrat, les contributions externes de l'organisation représentaient 13% de son budget. Le reste du financement provient des 190 États membres. Mais la part du financement extérieur a tendance à augmenter, passant de 13% en 2011 à 20,7% l’année suivante.

Frédéric Mamaïs