Quelle ampleur a vraiment le phénomène des violences policières aux Etats-Unis? Des journalistes du Guardian ont lancé fin mai l'opération "The Counted", un vaste travail de recensement du nombre de personnes tuées par la police aux Etats-Unis depuis début 2015.
L'appréciation du phénomène souffre en effet de l'absence de statistiques tangibles, vu que les polices américaines ne sont pas tenues de publier leurs statistiques sur le nombre de personnes tuées par les représentants des forces de l'ordre.
Procédés du datajournalisme
Pour enrichir la base de données de "The Counted", les journalistes du quotidien britannique s'appuient sur leurs propres enquêtes, sur les compte-rendus des médias locaux ainsi que sur des contributions du public, vérifiées et mises en perspectives.
En date du 8 juin, le "compteur" de la plateforme affichait ainsi 479 personnes tuées aux Etats-Unis par la police, dont 238 Blancs, 137 Noirs, 71 Hispaniques, 10 Asiatiques, 4 Amérindiens et 19 non définis.
Deux fois plus de Noirs
Outre l'origine ethnique, le site répertorie les victimes selon leur âge, le sexe, les circonstances du décès, le fait d'être ou non armé, et le lieu.
En proportion, notait ainsi The Guardian fin mai, le nombre de victimes noires non armées (31,9%) était deux fois supérieur à celui des victimes blanches non armées (15%).
Sur une carte des homicides commis par la police, l'enquête établit également que ce type de violences est la plus fréquente dans l'Etat de Californie, suivie du Texas et de la Floride.
Côté villes, Los Angeles recense le plus grand nombre de cas (9), suivis de Houston (7) et de Phoenix (6).
A noter qu'un jour après le lancement de l'opération du Guardian, deux sénateurs américains ont proposé un projet de loi exigeant que les Etats rapportent tous les décès dont leurs officiers de police sont à l'origine.
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Magali Philip/kkub