"On est soit dans la moquerie, soit dans la stratégie purement politique. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras sait très bien qu'en Europe, on a toujours tendance à trouver des compromis boiteux", explique François Savary pour qui l'attitude de la Grèce a de quoi décontenancer.
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Selon le banquier, si les négociations piétinent à un tel point, c'est que les créanciers ont jusqu'ici toujours voulu éviter d'aborder la question de la solvabilité de la Grèce. "On a toujours dit qu'il suffisait de donner de l'argent et que la situation allait s'améliorer. Or, on le voit au fil des années, les Grecs ne sont pas capables de réaliser les réformes qu'ils se sont engagés à faire", observe-t-il. François Savary se montre d'ailleurs particulièrement sceptique à l'égard d'Alexis Tsipras: "En cinq mois, il n'a rien fait si ce n’est s'opposer aux Européens. Les efforts qui avaient été réalisés jusqu'alors ont totalement disparu. L'économie grecque est de nouveau en récession."
Vers un accord donnant-donnant
La Grèce s’est pourtant infligé une cure d’austérité redoutable. En l'espace de cinq ans, le pays et passé d’un déficit budgétaire de plus 10% du PIB à un léger excédent primaire, avec des conséquences dramatiques sur le plan social. Ne fait-on pas un faux procès à la Grèce? "Je ne nie pas le caractère douloureux de la situation mais des pays comme l’Espagne ont également effectué des ajustements pénibles et couronnés de succès", répond la banquier genevois.
Que faire, dès lors, pour résoudre la crise actuelle? "On est sur une pente extrêmement glissante. Concéder simplement une restructuration de la dette dans les conditions actuelles ne résoudra pas les problèmes du pays, analyse-t-il. L’accord doit donc porter sur un certain nombre de réformes économiques contre une restructuration de la dette."
Quant à savoir s'il est effectivement plausible de croire à l'aboutissement des négociations d'ici à dimanche, François Savary estime qu'il n'y a pas d'autre choix: "Le problème, c’est la liquidité. La Banque centrale européenne ne pourra pas ad aeternam repousser les limites de la fourniture de liquidités au système bancaire grec. Sans quoi on irait vers la faillite du système et de facto vers la sortie de la zone euro. On arrive à un niveau tel qu’il ne reste effectivement plus que cinq jours pour trouver des solutions."
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kg