Le comité central de Syriza a rejeté le projet de loi qui comprend notamment une hausse de la TVA et l'adoption d'une règle d'or budgétaire. Pour beaucoup l'accord arraché lundi constitue une trahison de la volonté populaire exprimée le 5 juillet, quand 61% des Grecs ont dit "non" à l'austérité.
Se sentant trahis, des milliers de Grecs ont manifesté dans les rues d'Athènes contre les mesures de rigueur imposée par les créanciers de la Grèce. Plusieurs grèves sont en cours dans le secteur public.
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Des défections de poids, soutien de l'opposition
Plusieurs des 149 députés de Syriza ont promis de s'opposer au paquet de mesures, comme la puissante présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou, ou le ministre de l'Energie Panagiotis Lafazanis, qui privilégient "les alternatives", comme un retour à la drachme. "Ce parlement ne doit pas accepter le chantage des créanciers", a déclaré Zoé Konstantopoulou, chantre de l'aile gauche du parti.
Nadia Valavani, députée et cadre de Syriza, a carrément remis son portefeuille de ministre adjoint des Finances, écrivant à Alerxis Tsipras: "la solution qui nous est imposée aujourd'hui d'une façon si déprimante, n'est pas viable. Ni pour eux (l'Europe), ni pour le peuple (grec) ni pour le pays".
Un sondage révèle toutefois que 70,1% des Grecs pensent que le Parlement doit l'adopter. Les grands partis d'opposition, Nouvelle Démocratie (conservateurs), Pasok (socialistes) et Potami (centre-gauche), réunissant 106 députés à eux trois ont appelé à voter oui.
Allègement de la dette demandé
Ce troisième plan d'aide est en outre considéré comme invivable en l'état par certains acteurs internationaux. Le Premier ministre français Manuel Valls a notamment réaffirmé que les créanciers allaient alléger sa dette. Une demande déjà formulée par le FMI et réitérée par sa directrice, Christine Lagarde, qui a assuré avoir "l'espoir" que les pays de la zone euro acceptent un allègement "d'une manière ou d'une autre"
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L'Assemblée nationale française a par ailleurs approuvé dans l'après-midi à une très large majorité le plan d'aide à la Grèce, par 412 voix contre 69 et 49 abstentions, un geste symbolique voulu par le gouvernement pour donner une impulsion au processus.
Autre son de cloche en Allemagne, où tout effacement partiel de la dette est exclu. Un porte-parole du ministère allemand a cependant déclaré qu'un allongement de la maturité de la dette grecque est une option envisageable, tant que cela n'entraîne pas de réduction significative de la valeur de cette dette. Dans le cas contraire, cela reviendrait à une décote déguisée, a-t-il ajouté.
agences/fisf
"Un nouveau traité de Versailles", pour Yanis Varoufakis
L'ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis, qu'Alexis Tsipras a qualifié mardi "d'excellent économiste, mais pas bon politique", a comparé l'accord à "un nouveau traité de Versailles".
Il l'a reproduit sur son blog, entièrement annoté de critiques en rouge, prévenant l'internaute "Lisez ça et pleurez".
L'UE propose le recours à un fonds communautaire
La Commission européenne propose le recours à un fonds communautaire comme solution pour un financement d'urgence de la Grèce, malgré l'opposition de plusieurs Etats dont la Grande-Bretagne, afin de répondre aux besoins d'Athènes en attendant le déblocage d'un éventuel troisième plan d'aide.
Cette option est soutenue par la Commission, alors que le temps presse pour assurer le "pont" financier dont a besoin la Grèce dès les prochains jours: déjà en défaut de paiement vis-à-vis du FMI, le pays doit rembourser lundi 4,2 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE).