Bravant l'interdiction de la police, quelque 80'000 personnes avaient déjà manifesté la veille. Beaucoup ont passé la nuit dans la rue pour reprendre leurs protestations au matin. Le rassemblement s'est déroulé pour l'essentiel sans incident.
Les participants portaient les T-shirts jaunes du mouvement de la société civile Bersih, une alliance d'ONG, de réformateurs et militants pour les droits de l'Homme.
Millions détournés
La contestation contre le Premier ministre concerne l'énorme scandale financier touchant la société publique 1Malaysia Development Berhad (1MDB) créée à son initiative peu après son arrivée au pouvoir en 2009, endettée aujourd'hui à hauteur de 10 milliards d'euros. Un scandale qui a des ramifications jusqu'en Suisse (lire encadré).
Il est soupçonné d'avoir détourné l'équivalent d'environ 640 millions d'euros (près de 690 millions de francs).
Les manifestants accusent aussi le chef du gouvernement de mauvaise gestion de l'économie et de favoriser son parti, au pouvoir depuis l'indépendance en 1957.
ats/sbad
Enquête de la Suisse pour scandale de corruption
Le Ministère public de la Confédération (MPC) a ouvert le 14 août une procédure pénale contre deux organes de la société 1MDB, un fonds souverain de Malaisie contrôlé par le premier ministre Najib Razak.
"La procédure, ouverte le 14 août, est menée pour corruption d'agents publics étrangers, gestion déloyale des intérêts publics et blanchiment d'argent", précise André Marty, porte-parole au MPC.
L'affaire porte sur le détournement - via la compagnie pétrolière saoudienne PetroSaudi (qui a un bureau à Genève) et 1MDB - de 700 millions de dollars (680 millions de francs environ).
Dans cette affaire, un homme d'affaires genevois a été condamné à trois ans de prison en Thaïlande pour avoir tenté de faire chanter PetroSaudi.
Opposition divisée
Cette mobilisation n'est pas considérée par certains observateurs comme une menace majeure pour le Premier ministre.
Les organisateurs de la manifestation manquent d'un leader charismatique, l'opposition malaisienne est divisée, et Najib Razak a le contrôle d'institutions-clés, dont la police, la justice et le Parlement.