"Nous déclarons approuvée" la levée de l'immunité du président conservateur, a annoncé le député de l'opposition Carlos Herrera, secrétaire du comité de direction du Parlement, après le vote favorable des 132 députés présents (sur 158 au total).
Pour être validée, la mesure nécessitait l'appui des deux tiers des parlementaires, mais aucun de ceux présents mardi n'a voté contre.
Joie de la population
Spontanément, des centaines d'habitants ont accouru devant le Parlement, après cette annonce.
Aux sons de trompettes et de pétards, les manifestants, à la fois heureux et émus, ont ensuite rejoint la place centrale de la ville de Guatemala, où ils étaient plus d'un millier en début de soirée, malgré l'intense pluie tropicale.
C'est la première fois dans l'histoire du Guatemala qu'un président perd sa protection judiciaire, ouvrant la voie à des poursuites à son encontre, pendant lesquelles il pourra rester à son poste sauf si un juge décrète son placement en détention provisoire.
ats/sbad
Interdit de sortir du pays
Dès mardi soir, la justice lui a interdit de sortir du territoire. "Il existe toujours le risque et la possibilité qu'il puisse abandonner le pays", a cependant expliqué la procureure générale Thelma Aldana.
Salué comme signataire des accords de paix mettant fin à 36 ans de guerre civile au Guatemala, le président Otto Pérez est un ancien militaire issu de l'élite de l'armée.
A son arrivée au pouvoir en 2012, ce conservateur à la soixantaine sportive et aux cheveux poivre et sel promettait de lutter d'une "main de fer" contre la criminalité. Quatre ans plus tard, la situation ne s'est pas vraiment améliorée.
L'accusation lui reproche surtout d'avoir placé des proches à des postes-clés, afin de contrôler l'organisme de collecte des impôts. Arrivé au pouvoir, il avait fortement augmenté les impôts sur le revenu et mis en place un ministère du Développement social, qui n'a pas permis toutefois de réduire une pauvreté endémique.
Mobilisation avant les élections
Cette mesure intervient alors que le pays centraméricain vit un moment de mobilisation populaire sans précédent et à quelques jours seulement des élections générales prévues dimanche, auxquelles Otto Pérez, en exercice jusqu'au 14 janvier 2016, ne se représente pas, la Constitution n'autorisant qu'un seul mandat.
Des manifestations pacifiques sont organisées chaque semaine depuis avril, quand avait été révélé ce scandale de corruption.