En juin dernier, Paris et Berlin avaient refusé la proposition de la Commission européenne d'instaurer des quotas de réfugiés par pays selon leur taille, leurs ressources et leur population, préférant le volontariat.
François Hollande et Angela Merkel, qui ont eu un entretien téléphonique dans la matinée, estiment que la situation a changé, au terme d'un été marqué par des drames très médiatisés.
Un nouveau plan devrait être présenté la semaine prochaine par Jean-Claude Juncker, la président de la Commission, afin d'apporter une réponse coordonnée à cette crise qui divise les 28 sur l'attitude commune à adopter.
"Nous avons proposé avec la chancelière (Angela) Merkel un mécanisme permanent et obligatoire", a déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse à l'Elysée. "Je considère qu'aujourd'hui, ce qui a été engagé ne suffit plus."
Quotas, un mot tabou
La chancelière allemande a parlé de "quotas", un mot jusqu'ici tabou dans ce dossier sensible. "L'Union européenne doit faire davantage, elle doit répartir, c'est le mot qui est choisi, un certain nombre de personnes qui demandent refuge", a insisté François Hollande.
La proposition franco-allemande sera examinée par les ministres de l'Intérieur européens réunis le 14 septembre, puis au Conseil européen. Mais cette proposition est loin de faire l'unanimité au sein de l'Union européenne, notamment parmi les pays d'Europe centrale, sortis du giron communiste et dont les économies demeurent fragiles.
Répartir 100'000 réfugiés
"J'appelle tous les dirigeants de l'UE à faire preuve de solidarité avec les Etats membres qui font face à une vague migratoire sans précédent", avait déclaré plus tôt jeudi le président du Conseil européen Donald Tusk.
Il a appelé à "une répartition équitable d'au moins 100'000 réfugiés" alors que les 28 pays de l'Union ont jusqu'ici résisté à un système de redistribution des demandeurs d'asile proposé par Bruxelles, n'offrant que 32'256 places, contre les 40'000 demandées.
Un "problème allemand" pour la Hongrie
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, critiqué pour la clôture construite le long de sa frontière face au flux de migrants, a pour sa part affirmé jeudi à Bruxelles que le problème de leur accueil n'était "pas européen mais allemand". A la question des quotas, il a dit attendre une offre, mais ne souhaite pas une large communauté musulmane dans son pays.
"Personne ne veut rester en Hongrie, en Slovaquie, en Estonie, en Pologne. Tous veulent aller en Allemagne. Notre job est juste de les enregistrer et nous les enregistrerons", a déclaré Viktor Orban lors d'une conférence de presse.
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agences/kg/fme
La Hongrie annonce des lois sur l'immigration d'ici à mi-septembre
Jeudi avait lieu une session extraordinaire au Parlement hongrois, consacrée à un renforcement des lois sur l'immigration et aux sanctions à infliger à ceux qui tentent de franchir la clôture de 3,5 mètres de haut, longue de 175 km, que la Hongrie met à place le long de la frontière avec la Serbie.
Selon le Premier ministre Viktor Orban, le pays devrait avoir adopté d'ici la mi-septembre un paquet de mesures visant à contenir l'afflux de migrants sur son sol.
Les réactions des chefs d'Etat à la crise migratoire
Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a estimé jeudi que l'Union européenne ne pouvait pas se contenter de s'émouvoir devant des images "qui serrent le coeur et secouent l'âme" comme celle du petit réfugié syrien noyé.
"Nous pensons que face à cette urgence, soit l'Europe apporte une réponse politique avec un P majuscule, soit elle perd la face", a-t-il insisté.
De son côté, le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a accusé jeudi les pays européens d'avoir transformé la Méditerranée en "un cimetière de migrants". "Les pays européens partagent la responsabilité de chaque réfugié mort", a-t-il déclaré à Ankara.
"Ce ne sont pas seulement les migrants qui se noient dans la Méditerranée, mais aussi notre humanité", a insisté le chef de l'Etat turc, qui dénonce systématiquement le refus des pays européens d'accueillir plus de réfugiés syriens.
Le Premier ministre britannique David Cameron s'est dit jeudi "profondément ému" par la mort d'un petit Syrien de trois ans dont la photo sur une plage turque a bouleversé le monde, s'engageant à prendre "ses responsabilités morales" dans cette crise.
Critiqué pour son manque d'implication dans la crise des migrants, il a dû assurer jeudi que le Royaume-Uni se sentait concerné, face à la pression de responsables politiques européens, de l'ONU et des médias de son propre pays. D'autant que les mêmes journaux reprenaient ses propos de la veille lorsqu'il avait jugé que "le plus important était d'apporter la paix et la stabilité" aux régions en guerre, plutôt que de prendre en charge "de plus en plus de réfugiés".