Le professeur d’études islamiques à l’Université d’Oxford revient sur la crise migratoire qui fait la Une de l’actualité. Tariq Ramadan souhaite que l'Europe ouvre ses portes aux réfugiés. "L’Europe a besoin de ces immigrés… Avec sa population vieillissante, elle ne s’en sortira pas économiquement. Elle doit donc aussi les voir comme une aubaine", dit-il dans l'entretien accordé à l'émission Forum de la RTS.
A présent, le grand défi auquel l’Occident va devoir faire face est la question de l’intégration de ces réfugiés. Pour Tariq Ramadan, "l’Europe est prise aujourd’hui entre le besoin économique et le rejet culturel ou religieux des migrants". Il appelle ainsi les politiques à se montrer "courageux", "visionnaires" et à cesser de faire "des politiques de bric et de broc".
Dans ce cadre, la Suisse a un rôle à jouer. Pour lui, elle est un modèle d’intégration. "Elle a réussi là où d’autres ont échoué."
Mais l’islamologue de nationalité suisse reconnaît aussi que cette immigration, majoritairement musulmane, crée des peurs au sein de la classe politique et de la population. Pour Tariq Ramadan, l'Europe ne pourra toutefois pas "continuer longtemps à tenir un discours sécuritaire et faire de l’islam la religion de l’autre". Selon lui, "la Suisse comme l’Europe sont devenues des espaces pluriels… avec des hommes et des femmes de couleurs et de religions différentes". "La Suisse blanche, de la classe moyenne du temps passé est passée. Il faut s’assumer", dit-il.
L’islam en Suisse ne doit pas être financé par l’étranger
L’une des clés pour réussir l’intégration des migrants passe par les communautés musulmanes existantes. Mais les autorités suisses doivent à présent "leur faire confiance".
Mais Tariq Ramadan estime aussi que certaines communautés et mosquées devraient se montrer plus transparentes. Lorsqu'on l’interroge sur la Mosquée de Genève, régulièrement critiquée, et financée en grande partie par l’étranger, le professeur déclare que le financement de l’islam en Suisse ne doit pas se faire par l’étranger. "Les musulmans doivent s’autofinancer" en Suisse.
Nadine Haltiner