"On est face à un incendie", a lâché François Gemenne sur les ondes de la Première en parlant de la crise qui est apparue en Europe avec l'afflux de requérants d'asile et de migrants.
Les pays de l'Est et du Centre sont ceux qui s'opposent le plus à la mise en place de quotas, alors qu'une telle opération pourrait les soulager, a constaté le spécialiste. Selon lui, cela s'explique parce que le véritable enjeu est "symbolique": ces Etats sont entrés dans l'Union pour renforcer leur souveraineté nationale, notamment face à la Russie, et non pas pour se retrouver pieds et mains liés à une institution.
Un autre problème dans les pays de l'Est est la faible présence des immigrés, "qui prouvent que ça peut bien se passer", a expliqué le chercheur qui exerce à SciencesPo à Paris et à l'Université de Liège.
"Juguler les flux est du fantasme politique"
Aujourd'hui, la mise en place de quotas est en train d'échouer. Pire, les frontières se ferment les unes après les autres, y compris en Europe de l'Ouest, a déploré François Gemenne. La tentative de solution aboutit donc sur un double échec. En plus, cela met à mal le projet européen lui-même, a-t-il souligné.
La fermeture des frontières est uniquement destinée à rassurer l'électorat, a-t-il encore précisé. "Vouloir juguler les flux migratoires est de l'ordre du fantasme politique", a expliqué le professeur pour qui le flux de migrants est comparable au flux aquatique: si un accès est bloqué, l'eau entre par un autre.
Avec la globalisation, ainsi que les crises politiques et climatiques, le phénomène migratoire va aller en s'amplifiant. La situation actuelle fait donc figure "de crash-test" pour l'UE: "Aujourd'hui, soit l'Europe s'ouvre est devient un continent multiculturel, soit elle se ferme sur elle-même et devient un continent-musée", a conclu François Gemenne.
bri