"Ce n'était pas une foule menaçante", dit notre journaliste blessé à la frontière serbe
Les affrontements ont débuté dans l'après-midi, lorsque les policiers hongrois ont utilisé des canons à eau à travers les barricades contre les migrants qui leur lançaient des pierres.
"Une foule pas menaçante"
Arrivé sur place peu après ces échauffourées, notre envoyé spécial Jordan Davis a découvert une situation tendue: certains migrants, très remontés contre l'attitude des policiers hongrois, ont commencé à démonter la clôture afin de passer la frontière. Parmi eux, des personnes avec des enfants qui demandaient à passer en Hongrie, après avoir été bloqués des jours sur place.
Une fois la clôture ouverte, les gens ont voulu traverser la frontière. "Il ne s'agissait pas d'une foule menaçante. Dans mon souvenir, l'une des premières personnes à avoir osé s'approcher directement des policiers est un homme avec ses deux enfants et sa femme", raconte Jordan Davis.
"J'étais paniqué"
La situation a dérapé très vite. Face à la foule de migrants, les policiers ont lancé la charge, utilisant des matraques et des gaz lacrymogènes contre la foule. Notre journaliste a reçu deux coups de matraque et est tombé à terre, comme de nombreuses autres personnes autour de lui. "J'étais paniqué, des migrants ensanglantés hurlaient, notamment des enfants, des gens me piétinaient. Je ne sais pas comment j'ai réussi à m'extraire de là".
Guidé par des migrants et aidé par des collègues danois, Jordan Davis a été emmené auprès de Médecins Sans Frontières, où il a été soigné à la tête. Il rentrera en Suisse vendredi.
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Cécile Rais
La Serbie condamne
Le Premier ministre serbe Aleksander Vucic a condamné "ce comportement brutal de la police" contre des migrants et des journalistes "sur son territoire" et a exigé une réaction vigoureuse de la part de l'UE, sur la télévision nationale serbe RTS.
Il a annoncé l'envoi de renforts policiers à leur frontière commune. "Ces tortures et ce comportement non-européen doivent cesser. Et si l'UE ne veut pas participer, nous réagirons et nous saurons comment nous protéger nous ainsi que les valeurs européennes que l'Europe n'est pas capable de protéger", a-t-il lancé.