Alors que les migrants venus du Moyen-Orient ne cessent d'affluer en Europe, plusieurs responsables ont dit récemment craindre l'infiltration de djihadistes parmi les réfugiés. Or, le groupe Etat islamique (EI) semble ne pas voir lui non plus cette crise comme une aubaine.
>> Voir aussi : L'exode des Syriens en chiffres
L'EI, présent en Syrie, en Irak, au Yémen et en Libye notamment, vient en effet de publier cinq vidéos dénonçant cette émigration, relève le spécialiste des mouvements djihadistes Romain Caillet dans une série de tweets.
Théologie et idéologie
Des arguments théologiques et idéologiques sont notamment évoqués. Le fait d'émigrer en Occident, qualifié de "terre infidèle, est ainsi considéré comme une trahison par le groupe extrémiste, rapporte Romain Caillet.
David Thomson, un journaliste spécialiste du djihad, remarque d'ailleurs que l'EI avait déjà récemment assimilé l'émigration vers l'Europe à de l'apostasie dans son magazine en anglais Dabiq.
Un exode dangereux
Deux des cinq vidéos s'adressent explicitement aux Syriens. Particulièrement implanté en Syrie, le mouvement sunnite y met en garde contre les risques de la traversée de la Méditerranée et dénonce le traitement des réfugiés en Europe, note Romain Caillet.
Une "vie normale" dans le califat autoproclamé
Cette campagne de propagande "hallucinante", selon les termes du chercheur, met en évidence le problème que la crise des migrants pose aux djihadistes.
L'EI ne cesse en effet d'appeler les musulmans à rejoindre leur califat autoproclamé en leur faisant miroiter une prétendue "vie normale". Une argumentation largement développée dans ces dernières vidéos.
La propagande et la réalité
Mais ce tableau idyllique est contredit par les foules de réfugiés du Moyen-Orient fuyant la misère, les persécutions et les affres de la guerre.
Romain Caillet relève ainsi que l'EI "n'utilisera pas les migrants (...) pour déstabiliser l'Europe car cela contredirait son discours officiel."
dk
Le "J'accuse" de Bachar al-Assad
Le président syrien impute l'afflux de réfugiés syriens en Europe au soutien de l'Occident aux "terroristes" responsables selon lui de la guerre dans son pays.
"C'est comme si l'Occident pleurait d'un oeil sur les réfugiés et du second les visait avec une arme", a déclaré le chef de l'Etat syrien lors d'un entretien à des médias russes diffusé mercredi.
Le régime de Damas désigne comme "terroristes" tous ses opposants: les dissidents politiques qui ont choisi la lutte pacifique, les rebelles qui ont pris les armes et les djihadistes dont ceux du groupe Etat islamique (EI).