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Rencontre avec Lord Norman Foster, l'architecte du ciel

L'architecte britannique Norman Foster a tenu conférence à l'EPFL le 15 septembre 2015. [Keystone - Valentin Flauraud]
Norman Foster et l'EPFL s'associent pour créer le premier "droneport" de l'histoire / Tout un monde / 9 min. / le 18 septembre 2015
Il a construit les plus grands aéroports au monde... Il va maintenant construire les plus petits! L'architecte Norman Foster s'est associé à l'EPFL pour construire les premiers "drones-ports". L'émission Tout un monde l'a rencontré.

Il s'agit de l'un des architectes les plus célèbres au monde, à qui l'on doit le nouveau stade de Wembley ou la coupole du Reichstag. Mais ce que l'on sait moins sur le britannique Norman Foster, c'est qu'il a révolutionné, à sa manière, le transport aérien.

Les aéroports? "Des boîtes fermées qu'il fallait ouvrir"

"L'architecture dans les airs" était justement le titre de la conférence qu'il est venu donner mardi sur le campus de l'EPFL. Car, avant de se prendre de passion pour les drones, Norman Foster a signé certains des plus grands aéroports du monde, comme Stansted, au nord de Londres, Hong Kong, Koweit City, Pékin... Sans oublier Mexico, qui devrait être achevé pour 2050.

Au fil de ses créations, l'architecte a toujours eu pour idée directrice l'ouverture: "Avant Stansted, un aéroport c'était une boîte fermée qui consommait beaucoup d'énergie (...) On a donc décidé de faire l'inverse: nous avons ouvert le toit, pour que le bâtiment respire et utilise la lumière naturelle. Cela a rendu le bâtiment plus beau, moins gourmand en énergie, et plus flexible."

Adéquation possible avec l'écologie

Norman Foster n'oublie pas pour autant les critiques liées au transport aérien et ses impacts sur l'environnement. Mais selon l'architecte britannique, on se trompe en pensant que la construction d'un nouvel aéroport est forcément ennemie de l'écologie: "L'espace est trop exigu? Eh bien, on en créé, en aménageant une île artificielle! C'est ce qu'on a fait à Hong Kong, et on pourrait faire la même chose au Royaume-Uni."

Ces propos traduisent un soupçon d'amertume: le projet de nouvel aéroport de Londres, que Foster prévoyait de bâtir sur une petite péninsule à 30 kilomètres de la capitale, a été rejeté l’an passé.

Pour le Britannnique, ce refus est symptomatique d'une certaine frilosité européenne: "L'Europe a connu une époque où elle a eu à la fois le courage et l'intelligence de se doter d'infrastructures de masse. Prenez le chemin de fer en Suisse: c'était héroïque! Ce n'était pas une petite entreprise! (...) Le monde s'est ouvert. Et ceux qui refusent cette ouverture vont rester sur le carreau.

"Une initiative humanitaire" avec les projets de mini-aéroports

Si l'on peut s'étonner de voir l'architecte se lancer dans des projets de mini-aéroports pour drones avec l'EPFL, Norman Foster y voit un puissant symbole: "Aujourd'hui, on parle d'une initiative humanitaire qui pourrait permettre de pallier le déficit de l'Afrique en matière d'infrastructures. La population du continent va doubler d'ici 2050, mais les routes et les ponts sont encore rares." Ainsi, la rapidité des drones pourrait changer des vies à une très large échelle, estime-t-il.

Les yeux définitivement rivés vers le ciel, Norman Foster s'est aussi associé au projet du premier spaceport touristique, inauguré au Nouveau Mexique en 2011. Cette base servira à lancer dans l'espace les navettes du milliardaire Richard Branson.

Mais y croit-il vraiment? Oui, affirme-t-il. "Pourquoi est-ce que l'homme a escaladé l'Everest? Parce qu'il est là, tout simplement. Pourquoi est-ce que l'homme construit des gratte-ciel? Pourquoi est-ce qu'une ville comme Chicago a poussé, verticalement, au milieu des grandes plaines? Je pense que tout cela répond à un besoin irrépressible d'exploration."

Renaud Malik/jzim

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