"Le parquet suisse a adressé au Brésil ses procès verbaux d'enquête contre le président de la chambre des députés pour des faits présumés de blanchiment d'argent et de corruption passive", après avoir gelé des avoirs sur des comptes bancaires, a indiqué mercredi soir le ministère public brésilien.
Cette annonce intervient un mois après le lancement formel de poursuites par le parquet brésilien contre Eduardo Cunha, soupçonné d'avoir touché des pots-de-vin de Petrobras par au moins cinq des personnes mises en examen dans le cadre de ce méga-scandale (voir 2e encadré).
Enquête depuis 2014
"Les investigations ont commencé en Suisse en avril 2014 et des actifs ont été bloqués", souligne le communiqué sans préciser les montants. En mars dernier, le MPC avait annoncé que 400 millions de dollars étaient gelés en Suisse.
Eduardo Cunha est soupçonné par la justice brésilienne d'avoir reçu cinq millions de Petrobras en marge d'un contrat pour la construction de navires sondes, entre 2006 et 2012.
afp/cab
Implications politiques
Bien que membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre-droit), principal allié du Parti des travailleurs (PT, gauche au pouvoir), Eduardo Cunha est l'un des plus farouches adversaires de la présidente Dilma Rousseff.
De par ses fonctions, il lui revient de filtrer en les classant ou non une dizaine de demandes de procédures de destitution de Dilma Rousseff adressées au parlement.
Immédiatement après sa mise en cause par le parquet fédéral brésilien, qu'il attribue à une machination de la présidence, Eduardo Cunha avait, sans quitter son parti, annoncé qu'il rejoignait les rangs de l'opposition.
L'affaire Petrobras en bref
L'enquête tentaculaire sur Petrobras a révélé que les plus puissantes entreprises de construction du pays se sont réparties entre 2004 à 2014 les marchés de la compagnie pétrolière en payant à tour de rôle des pots-de-vin à certains de ses directeurs en échange de contrats, eux-mêmes surfacturés de 1 à 3%.
Petrobras a ainsi perdu plus de deux milliards de dollars.
Une partie ces commissions servaient à verser des pots-de-vin à des députés et sénateurs de la coalition au pouvoir.