L'armée américaine a reconnu samedi avoir mené des frappes aériennes contre des taliban "à proximité" de l'hôpital de MSF. Les avions américains visaient des insurgés islamistes qui avaient ouvert le feu sur des soldats américains, a précisé l'armée. L'armée américaine avait dans un premier évoqué de possibles "dégâts collatéraux".
Douze employés de MSF morts
Le bombardement du centre de soins a provoqué la mort de 12 employés de MSF et sept patients, parmi lesquels trois enfants, selon un nouveau bilan. On dénombre aussi 37 blessés ainsi que de nombreux disparus, selon le dernier bilan de l'ONG.
MSF a demandé que toute la lumière soit faite sur cette attaque, révélant que le site a continué à être bombardé "pendant 30 minutes" après que l'ONG a averti les armées américaine et afghane d'une première frappe. MSF a aussi indiqué avoir transmis préventivement les coordonnées géographiques de son hôpital à "toutes les parties" du conflit ces derniers jours.
Patients "carbonisés"
Le bilan de ce raid effectué au coeur de la nuit pourrait encore s'alourdir car "de nombreux patients et membres du personnel manquent encore à l'appel", explique MSF. Certain patients ont été "carbonisés dans leurs lit" a ajouté l'organisation.
Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans l'établissement situé à Kunduz, une ville afghane reprise aux talibans par l'armée.
Malgré le choc, les soins aux blessés continuent, affirme MSF sur Twitter.
L'armée américaine mène l'enquête
Le secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter, a affirmé samedi qu'une "enquête exhaustive" était en cours sur le bombardement. Il a souligné que "les forces américaines en soutien aux forces de sécurité afghanes opéraient à proximité, tout comme les talibans".
Selon l'Otan, qui a ouvert une enquête, une frappe américaine a été menée pendant la nuit contre des "personnes qui menaçaient les forces de la coalition" et elle "pourrait avoir engendré des dommages collatéraux dans un centre médical qui se trouvait à proximité".
afp/sbad
Raid inexcusable, selon l'ONU
La frappe aérienne à Kunduz est "inexcusable" et "possiblement criminelle", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Zeid Ra'ad Al Hussein.
Il a appelé à une enquête approfondie et transparente, relevant que "si elle est reconnue comme délibérée par la justice, une frappe aérienne sur un hôpital pourrait constituer un crime de guerre".
"Les stratèges militaires internationaux et afghans ont une obligation de respecter et protéger les populations civiles à tout moment, et les établissements médicaux font l'objet d'une protection spéciale", a-t-il ajouté.
Condoléances d'Obama
Le président américain Barack Obama a présenté samedi "ses plus profondes condoléances" après le bombardement de l'hôpital de l'ONG Médecins sans Frontières dans la ville afghane de Kunduz, qui a fait 19 morts et pourrait être dû à un raid américain.
"Le département de la défense a lancé une enquête complète et nous attendrons les résultats avant de porter un jugement définitif sur les circonstances de cette tragédie", ajoute le chef de l'Etat.