L'annonce lundi par Air France d'une nouvelle restructuration menaçant près de 3000 postes a dégénéré en scènes de violence.
Aux cris de "à poil, à poil", "démission", le directeur des ressources humaines d'Air France s'est retrouvé chemise arrachée, forcé à escalader un grillage pour échapper à la vindicte de manifestants venus envahir une réunion avec les syndicats. Un autre cadre dirigeant a échappé de peu au même sort au siège de la compagnie, à l'aéroport parisien de Roissy.
Air France a annoncé son intention de porter plainte. L'un des deux dirigeants agressés a toutefois affirmé avoir "reçu des témoignages de sympathie par centaines" de syndicalistes et de salariés.
Des départs contraints envisagés
La colère des personnels a explosé en fin de matinée quand la direction d'Air France a officialisé un plan de réduction d'activité qui pourrait supprimer près de 3000 postes en deux ans.
Le nouveau plan de restructuration, un an après la plus longue grève des pilotes dans l'histoire de la compagnie, fait suite à un précédent qui s'est déjà soldé par 5500 suppressions de postes entre 2012 et fin 2014.
Il vise à éponger des sureffectifs évalués par la direction à 2900 postes en 2016 et 2017. Les suppressions de poste concernent 300 pilotes, 900 hôtesses et stewards et 1700 personnels au sol. Pour la première fois, des départs contraints sont envisagés.
Une flotte réduite
Le projet s'accompagne d'une réduction de voilure pour le réseau long courrier, dont la moitié des lignes sont déficitaires: la flotte, de 107 avions actuellement, devrait perdre 14 appareils, cinq l'an prochain et neuf autres en 2017, a détaillé la direction.
Selon une source proche de la compagnie, cette dernière escompte aussi négocier l'annulation de commandes de Boeing 787 auprès du constructeur américain.
Air France prévoit aussi de réduire la fréquence de ses vols sur plus d'une vingtaine de lignes en 2016 et de fermer l'année suivante cinq liaisons en Inde et en Asie du sud-est.
ats/apyt/kg
Condamnations des violences
En déplacement au Japon, le premier ministre français Manuel Valls s'est dit "scandalisé" par ces "violences inacceptables". "La situation de l'entreprise est difficile, mais rien ne justifiera jamais de tels débordements", a-t-il déclaré.
Plusieurs grands syndicats français ont dénoncé les violences. Le SNPL, syndicat majoritaire chez les pilotes d'Air France, a "condamné ces débordements contre les dirigeants" mais aussi "la répression violente de la manifestation des salariés pourtant calme et sereine", selon lui.