"L'EI est face à un problème comptable" et pourrait ainsi rapidement voir son influence se réduire en Syrie et en Irak, estime Alain Rodier, directeur auprès du Centre français de Recherche sur le Renseignement, dans le Journal du matin de la RTS.
Il faut dire que ses réserves commencent à sérieusement fondre à cause d'une nette diminution des revenus depuis quelques mois et de sorties d'argent qui augmentent.
Pétrole, dons, pillage et coton
Le groupe Etat islamique tire en premier lieu ses revenus de la vente illicite de pétrole. Toutefois, explique Alain Rodier, les rentrées d'argent par ce biais se font plus rares, d'une part parce que les frappes de la coalition ont neutralisé plusieurs installations pétrolières et d'autre part parce que les acheteurs potentiels commencent à être "pourchassés ou gênés" par les Etats voisins, notamment la Turquie.
La deuxième source de revenu de l'EI est constitué par les dons de riches mécènes, notamment des pays du Golfe. Mais là aussi cette manne pourrait se tarir à terme. Quant aux pillages et au trafic d'antiquités, l'écoulement des produits est aussi difficile.
L'EI a aussi tenté de se diversifier, notamment par la vente de produits agricoles comme le coton: avant la guerre, la Syrie faisait partie des plus gros producteurs au monde et l'organisation contrôle aujourd’hui 90% des parcelles. Toutefois, là aussi, les acheteurs se font de plus en plus rares.
Le début des dissensions internes
Les dépenses sont par ailleurs de plus en plus importantes, notamment parce qu'il faut faire vivre entre 5 et 8 millions de personnes qui sont sous son autorité.
Il ne faut pas annoncer la fin de Daech à cause de ses problèmes financiers
Et si ces difficultés financières ne signifient pas la fin de l'EI, selon Alain Rodier, elles pourraient signifier le début des dissensions internes, de mécontentement des populations locales et des combattants. Les soldes des djihadistes sont parfois coupées et certains commencent à partir vers d'autres mouvements.
De plus, certains alliés de l'EI, comme les tribus sunnites irakiennes ou des groupes qui ont prêté allégeance en Libye ou en Afghanistan notamment, pourraient être tentés de tourner le dos si l'aide financière promise n'arrive plus.
boi