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Commerce ou respect des droits de l'homme, le dilemme saoudien

Alors que le Premier ministre français Manuel Valls est à Riyad pour signer d'importants contrats économiques, des militants demandent toujours la libération du jeune Saoudien condamné à mort pour avoir manifesté. [AFP - KENZO TRIBOUILLARD/CITIZENSIDE/GEORGES DARMON]
Alors que le Premier ministre français Manuel Valls est à Riyad pour signer d'importants contrats économiques, des militants demandent toujours la libération du jeune Saoudien condamné à mort pour avoir manifesté. - [AFP - KENZO TRIBOUILLARD/CITIZENSIDE/GEORGES DARMON]
Le fait que l'Arabie saoudite soit le pays qui détient le record des exécutions en 2015 n'empêche pas les pays occidentaux de faire des affaires avec elle. La Suisse y a même quadruplé ses exportations en 10 ans.

L'indignation française et occidentale face à la condamnation à mort par l'Arabie saoudite d'un jeune militant chiite, Ali Mohammed al-Nimr, 21 ans, accusé d'avoir pris part alors qu'il était mineur à des manifestations inspirées du Printemps arabe, aura fait long feu. Le jeune homme attend toujours en prison sa possible exécution.

Deux jours après la Journée mondiale contre la peine de mort, le Premier ministre français Manuel Valls s'est rendu lundi et mardi en Arabie saoudite pour participer avec de nombreux chefs d'entreprise français au 2e Forum économique franco-saoudien. Au total, plus de 10 milliards d'euros de contrats sont en jeu, concernant notamment des hélicoptères Airbus, des navires militaires, des satellites, ainsi que des contrats dans la santé et l’agroalimentaire.

En 2013, la France a exporté vers l'Arabie saoudite pour près de 5 milliards de dollars de matériel, biens et services (2,9% du total des importations saoudiennes). Mardi, Manuel Valls a incité les entrepreneurs saoudiens à venir investir en France.

Les échanges avec la Suisse

La Suisse n'est pas en reste en ce qui concerne le commerce avec le royaume saoudien, pays qu'elle aimerait voir s'engager sur la voie des droits humains après l'appel du conseiller fédéral Didier Burkhlater à abolir la peine de mort dans tous les pays qui la pratiquent encore d'ici 2025.

En dix ans, la Suisse a pourtant largement augmenté ses exportations vers le royaume saoudien en passant d'un total valant plus d'un milliard de francs en 2014 à plus de 4,5 milliards en 2014. Les deux pays échangent en premier lieu de l'or et des métaux précieux (voir l'encadré pour les détails des marchandises).

Même si la Suisse est un partenaire important pour l'Arabie saoudite en termes d'importation, la Chine, les Etats-Unis et l'Allemagne restent parmi ses plus importants fournisseurs. Le total des importations de l'Arabie saoudite se monte à 255 milliards de dollars.

La Suisse et la France restent en revanche encore des petits marchés d'exportations pour l'Arabie saoudite, représentant entre 0,04% (Suisse) et 1,2% (France) des exportations saoudiennes, qui se montent au total à 354 milliards de dollars.

Taux d'exécutions par pays

Mardi, le Premier ministre français Manuel Valls devait aussi être reçu après la signature des accords par le roi Salmane.

Dans l’entourage du chef du gouvernement français, on assure qu'il demandera un geste de "clémence" envers Ali Mohammed al-Nimr aux autorités saoudiennes.

La France s'était déjà dite "préoccupée" par la situation du jeune homme à l'annonce de sa condamnation.

Rappelons que l'Arabie saoudite a déjà procédé à plus de 130 exécutions en 2015, détenant ainsi un triste record. En comparant les chiffres des exécutions de 2014 des pays qui tuent le plus de condamnés dans le monde et en les rapportant à leur nombre d'habitants, c'est toutefois l'Iran qui détient la palme avec 3,6 personnes exécutées pour un million d'habitants.

N.B. Les chiffres sont fournis par Amnesty International. Il n'existe toutefois aucune statistique exacte sur la Chine, il s'agit ici d'estimations d'experts.

Sophie Badoux

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Le détail des exportations suisses vers l'Arabie saoudite

Outre les produits pharmaceutiques et les machines, la Suisse livre essentiellement des montres, des produits agricoles ainsi que des bijoux, des pierres précieuses et des métaux à l’Arabie saoudite.