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"Ceux qui veulent bâtir de nouveaux murs ne sont pas des Européens"

Enrico Letta. [EPA/Keystone - Matteo Bazzi]
Enrico Letta, ancien président du Conseil italien / L'invité de la rédaction / 23 min. / le 28 octobre 2015
L'ex-Premier ministre italien Enrico Letta regrette le manque de préparation de l'Europe face à la crise des migrants et fustige l'attitude de la Hongrie. Pour lui, la solution réside dans une meilleure coordination entre les pays.

Monopolisée par le problème de l'euro "qui a concentré tous les efforts et toutes les ressources de l'Union européenne ces dernières années", l'Europe ne s'est pas préparée à cette nouvelle crise, a estimé Enrico Letta mercredi dans le Journal du matin de la RTS.

Pourtant, "cela fait au moins deux ans que l'on savait que cette crise allait éclater", affirme l'ancien président du Conseil italien, rappelant le naufrage d'un bateau de migrants à Lampedusa le 3 octobre 2013, qui avait fait plus de 300 morts.

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Pour une meilleure coordination européenne

Suite à ce drame, Rome avait demandé un changement rapide d'attention sur cette question, mais n'avait pas vraiment été entendue, selon Enrico Letta. "Certains pays comme l'Allemagne comprennent que c'est un problème maintenant qu'ils sont touchés", relève-t-il.

Face à la crise des migrants, l'Europe doit changer complètement de politique, estime celui qui est désormais doyen de l'Ecole des affaires internationales de Sciences Po Paris. Pour lui, il faut notamment changer le système de Dublin, qui ne fonctionne plus.

"Chaque pays européen a aujourd'hui sa propre façon de traiter les réfugiés. Je ne pense pas que ça puisse marcher. Il faut coordonner tout ça, sinon cela crée une sorte de marché du "welfare" (l'assistance sociale, ndlr) pour les réfugiés", juge-t-il.

La Hongrie doit se rappeler de son histoire

Sur ce point, Enrico Letta se dit "époustouflé" par l'attitude de certains pays d'Europe de l'Est, en particulier la Hongrie, dont les ressortissants ont été accueillis en masse en Europe occidentale suite à l'insurrection de 1956, violemment réprimée par le pouvoir communiste.

L'ancien président du Conseil italien, fervent européen, a ainsi des mots très durs envers le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui érige une barrière à la frontière pour stopper l'arrivée des migrants.

"L'Europe a eu un deuxième baptême avec la chute du mur de Berlin, juge Enrico Letta. Alors ceux qui veulent construire de nouveaux murs en Europe, ce ne sont pas des Européens."

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dk

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L'Europe doit être "sexy", selon Enrico Letta

Alors qu'on assiste à un retour des sentiments nationaux et régionaux en Europe, Enrico Letta estime que cette réalité n'est pas incompatible avec l'idée européenne. "On peut avoir des identités multiples", estime-t-il.

Pour relancer l'attachement à l'Union européenne, il faut que celle-ci mette sur la table des "propositions sexy", à l'image d'Erasmus, selon lui.

L'ancien président du Conseil italien plaide ainsi en faveur d'un Erasmus de l'apprentissage, grâce auquel les jeunes européens pourraient effectuer un apprentissage dans un autre pays européen financé par l'Union européenne.

"Il faut que l'Europe soit à nouveau vue en termes d'opportunités, et non pas en termes de règles, de taxes et d'austérité", affirme Enrico Letta.