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Un fondateur de Médecins du Monde déplore "une dérive" dans les conflits

Nago Humbert. [RTS - Jean-Marc Nyffeler]
L'invité de la rédaction - Nago Humbert / Le Journal du matin / 15 min. / le 2 novembre 2015
Nago Humbert, fondateur de Médecins du Monde Suisse, a dénoncé lundi sur les ondes de la RTS l'irrespect du droit humanitaire. "Notre logo ne nous protège plus. Pire, il peut faire de nous une cible."

"Est-ce qu'un espace humanitaire neutre protégé par les lois internationales a existé un jour? Je ne sais pas, mais assurément, depuis une vingtaine d'années, on voit une dérive complète des régulations, des protections", a assuré Nago Humbert, responsable de la mission Palestine pour Médecins du Monde.

Nago Humbert invoque plusieurs raisons pour expliquer l'irrespect du droit humanitaire (>> Conflits dans le monde: appel sans précédent de l'ONU et du CICR )

Des conflits compliqués

"Initialement, il y avait deux armées face à face. Mais désormais, les conflits sont d'ordre ethnique, religieux, voire crapuleux". Ainsi, "on ne sait plus qui est l'adversaire de l'autre et les humanitaires n'ont plus d'interlocuteurs pour discuter de la sécurité", a déploré le professeur.

Des politiques insuffisantes

"Les hommes politiques ont une grave responsabilité dans cette absence de sécurité", a-t-il estimé. Et face à cela, l'ONU ne parvient pas à s'imposer, a-t-il regretté.

Humanitaires accusés d'être "politisés"

Nago Humbert a démenti, tout en nuance, que les humanitaires font de la politique: "Nous sommes indépendants, mais nous ne sommes pas neutres." Médecins du Monde soigne tout le monde, mais "témoigne". A contrario, le CICR ne fait aucun commentaire, car il doit avoir l'autorisation du gouvernement pour intervenir.

Conséquence: des zones non couvertes

"Il y a des lieux où les humanitaires doivent renoncer à se rendre", a admis Nago Humbert. A l'intérieur de la Syrie par exemple, il n'y a pas vraiment de zones sécuritaires. En Afrique, le risque d'enlèvements crapuleux est devenu trop élevé. Et pas question de recourir à des gardes armés "car on ne sait jamais qui ils sont vraiment", a-t-il relevé.

Au Proche-Orient, les humanitaires ne sont plus forcément autorisés, a témoigné le spécialiste, en suggérant des raisons politiques.

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Plus de fonds pour le Sud

Nago Humbert a également dénoncé le pouvoir des bailleurs, en rappelant que si de nombreux fonds sont attribués à la crise migratoire, les systèmes de santé des pays du sud manquent de soutien. "En RDC, l'espérance de vie est de 48 ans", a-t-il rappelé.