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"La Russie n'est pas mariée à Bachar al-Assad", selon Georges Malbrunot

Le journaliste Georges Malbrunot (ici en 2005).
Pour Georges Malbrunot, les Russes ne vont pas s'éterniser en Syrie / Tout un monde / 7 min. / le 3 novembre 2015
L'avenir de la Syrie sera fortement influencé par Moscou, allié de Bachar al-Assad, juge le journaliste George Malbrunot. Les avancées diplomatiques récentes ont toutefois été accueillies avec nervosité par Damas, selon lui.

Interrogé dans l'émission Tout un monde, George Malbrunot a estimé mardi que les frappes menées depuis plus d'un mois par la Russie en Syrie n'ont pour l'heure pas eu l'effet escompté sur le terrain. Le journaliste français faisait part de son ressenti après un séjour dans la région de Lattaquié, fief du régime alaouite situé dans le nord-ouest syrien.

La population de cette zone pro-gouvernementale, qui craignait il y a quelques mois une avancée des rebelles potentiellement meurtrière, est aujourd'hui "rassurée", même si "elle s'attendait à des progrès plus rapides", affirme ce spécialiste du Moyen-Orient. "Il y a donc une pointe d'inquiétude", poursuit-il.

Le double plan de Moscou

Malgré les intenses frappes aériennes russes et les offensives au sol de l'armée syrienne, "on assiste plutôt à un statu quo", relève Georges Malbrunot. Pour lui, cela s'explique par une réunification "temporaire" de la rébellion: "lorsqu'il s'agit de combattre un ennemi commun, les groupes rebelles se rassemblent", même s'ils ne sont pas d'accord sur de nombreux points.

Selon le journaliste du Figaro, les frappes russes devraient être terminées fin d'ici la fin de l'année, sous peine de risquer l'enlisement. "L'opération militaire de Moscou a été conçue comme devant être rapide pour permettre de lancer un processus politique" en vue d'une transition en Syrie, note Georges Malbrunot.

Le sommet de Vienne, une réelle avancée

C'est dans ce cadre que prennent place les négociations de Vienne sur le conflit syrien, qui ont débuté la semaine et doivent se poursuivre prochainement. Il s'agit, selon le journaliste, d'une réelle avancée diplomatique "car tous les grands acteurs du conflit - Russie, Iran, Arabie saoudite, Turquie et Etats-Unis - sont réunis autour de la table".

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Fait très important, un communiqué en neuf points a été approuvé par toutes les parties, relève encore Georges Malbrunot. Et le journaliste de citer trois points cruciaux sur lesquels un accord a été trouvé: préservation de l'Etat laïque, maintien des institutions - armée et administration - et tenue d'élections avec possibilité de voter offerte aux réfugiés également.

Quid de Bachar al-Assad?

Reste une pierre d'achoppement majeure, à savoir le sort de Bachar al-Assad, dont le départ est exigé par les Occidentaux, la Turquie et l'Arabie saoudite. Moscou, de son côté, continue de le soutenir. Mais "les Russes ne sont pas mariés à Bachar al-Assad", affirme Georges Malbrunot.

Selon lui, la Russie et son allié iranien dominent de toute manière la négociation et "l'alternance qui se dessinerait en Syrie serait fortement influencée par eux". "J'ai pu sentir une certaine nervosité à Damas" lorsqu'ils ont pris connaissance du communiqué adopté à Vienne, note ainsi le reporter français.

dk

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