Une situation de guerre est toujours provoquée par une minorité, rappelle Boris Cyrulnik, interrogé dans l'émission Tout un monde. "Il ne faut pas oublier que le nazisme en 1929 ne faisait pas 3% des voix allemandes et que 10 ans après, il en faisait 95%". Pour le neuro-psychiatre, ces situations totalitaires sont toujours provoquées par des mécanismes de secte.
Qui dit secte, dit aussi emprise. Il s'agit d'une minorité, riche, qui sacrifie les plus faibles du groupe. Ici, relève l'analyste, "ce sont des pauvres gosses des banlieues. Ces enfants largués sont récupérés et utilisés par une force religieuse et politique qui vient probablement du Proche-Orient et qui les sacrifie pour imposer sa loi."
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Mécanisme totalitaire
Pour le psychiatre, il s'agit d'un langage totalitaire qui a un énorme pouvoir de conviction, puisqu'il entraîne des millions de gens prêts à mourir pour un chef vénéré. C'est un processus de contagion émotionnelle plus que rationnelle. "C'est pour cela qu'il est si difficile de discuter avec eux."
La solution, pour Boris Cyrulnik, est de se rapprocher d'eux, de "déconvertir" les jeunes qui se sont laissés embarquer, "comme on le fait quand les gens essaient de sortir d'une secte", compare le psychiatre.
Se rencontrer, parler et éduquer, pour contrer le "processus de fanatisation et de préparation à la haine qui est mis en place dans les écoles du Proche-Orient et parfois dans certains groupes français, depuis 15 ou 20 ans."
Le pire est à venir
En comparant la violence islamiste, ses codes et son langage au péril nazi, Boris Cyrulnik s'attend au pire à l'avenir. "Son mécanisme est le même, une minorité qui enclenche un processus totalitaire. On n'a pas attaqué cette procédure assez tôt et on l'a laissée se développer", déplore Boris Cyrulnik.
Inévitablement, cela se reproduira. "Avec quelque garçons et filles fanatisés, il est possible de tenir tête à une armée", rappelle le psychiatre. A l'image du Hezbollah, qui avec 3000 mercenaires, a tenu tête à 130'000 Israéliens hyper armés et entraînés. "Une bonne affaire pour les dictateurs".
fme
Le sacrifice n'est pas un suicide
Boris Cyrulnik emploie le mot sacrifice et non suicide. "Pour les salafistes, se faire exploser est une promotion, par laquelle ils s'approchent de leur Dieu."
Les assaillants ont choisi un lieu comme le Bataclan, où les jeunes se réunissent pour danser. Pour les salafistes, la musique est considérée comme un blasphème. C'est donc un acte moral, selon eux, que de tuer ces personnes et non pas un suicide. Car ils auront désormais une promotion métaphysique.