Les attentats du 13 novembre à Paris posent une nouvelle fois la question de l'efficacité des services de renseignement, étant donné que parmi les kamikazes, deux d'entre eux étaient connus des forces de l'ordre et que la police turque avait averti la police française.
Or "le dispositif de renseignement actuellement en France, et toute l'Europe, était adapté aux menaces terroristes des années 80-90", indique Alain Chouet lundi dans l'émission Forum. Un dispositif qui mettait en jeu "quelques dizaines, ou au maximum quelques centaines de personnes qui n'avaient pas du tout de vocation kamikaze", précise-t-il.
"Entretemps, nous avons changé d'échelle. D'un défi de quelques centaines de personnes, nous sommes passés à quelques milliers. Mais les effectifs des services de renseignements n'ont pas été multipliés par 10. Nous avons actuellement 10'000 personnes "fiches S" (sécurité de l'Etat) en France. S'il fallait surveiller ces gens 24 heures sur 24, il faudrait des effectifs de sécurité intérieure de 15'000 à 20'000 personnes. Mais nous ne les avons pas!"
La "passoire" qu'est la frontière turque
A propos des avertissements émanant de la Turquie, Alain Chouet juge que les informations en provenance de la police turque "ne sont pas toujours pertinentes". "Nous aurions pu attendre de la Turquie qu'ils surveillent leurs frontières avec l'Irak et la Syrie", des frontières qualifiées par le spécialiste du renseignement de "vraie passoire, avec des djihadistes dont on sait très bien qu'ils sont soutenus par le parti islamiste turc".
"Nous vivons dans des sociétés démocratiques où il n'est pas question de mettre un gendarme derrière chaque citoyen. Alors il faut bien prendre conscience que si on décide de faire une guerre asymétrique, sur un certain nombre de théâtres, il faut s'attendre à en subir des conséquences dans nos propres sociétés", conclut Alain Chouet. Ce dernier déplore enfin que le dispositif sécuritaire n'a pas évolué après les attentats de Charlie Hebdo.
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jzim