L'anthropologue des religions Malek Chebel, invité au Journal du matin de La Première, a réagi sur les mesures prises par les autorités françaises afin de lutter contre le terrorisme, notamment les séries de perquisitions: "Toutes ses perquisitions sont nécessaires, mais cela ne peut qu'être ponctuel et marginal en termes de solutions de la crise". Et d'ajouter que l'Etat français se limitait pour l'heure à des "réactions à chaud".
Il y a une sorte de prise de conscience collective qui pousse les autorités à agir plus vite.
Il a pointé le manque de clairvoyance de la classe politique sur le front des idéologues, qui prônent une dimension belliqueuse de l'islam: "On n'a pas prêté attention à la dimension ravageuse de l'idéologie salafiste. Maintenant il y a une sorte de prise de conscience collective qui pousse les autorités à agir plus vite".
Malek Chebel a encore ajouté: "Toutes les mosquées de France sont cartographiées, sont connues, tous les imams qui sont à leur tête sont connus. La sécurité nationale française a tous les moyens pour pouvoir agir en temps et en lieu".
Les imams "dépassés"
Si Malek Chebel note que l'islam est une "toile de fond" au djihadisme, il relève que "les imams sont dépassés, contournés par les idéologues". "En réalité, la radicalisation en France ne s'est pas faite dans la mosquée, ce n'est pas la mosquée le centre de gravité de la radicalisation. (..) Cela se passe souvent en dehors des mosquées, même si certaines mosquées se constituent de phare, en pôle d'attraction pour les jeunes futurs djihadistes", a-t-il précisé.
L'anthropologue souligne enfin l'importance de désigner un grand mufti de la République en France. Cela permettrait selon lui de pallier l'"anarchie totale d'auto-réclamation de l'imamat, où chacun peut devenir imam dans la journée".
mo