Après avoir fêté l'adoption de l'accord avec Ban Ki-moon et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, François Hollande a annoncé samedi qu'il proposerait aux "pays qui veulent aller plus vite" dans la lutte contre le changement climatique de revoir leurs engagements avant 2020. Il s'est félicité d'une "révolution" verte.
"Fantastique", clamait lui l'ancien vice-président américain Al Gore à l'annonce du consensus, au milieu de centaines de ministres et délégués venus du monde entier, parmi lesquels le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
"Encore beaucoup de travail à accomplir"
"Le problème n'est pas résolu", mais "l'accord de Paris (...) établit le cadre durable dont le monde a besoin pour résoudre la crise climatique", selon le président américain Barack Obama. "Nous avons sécurisé notre planète pour de nombreuses générations à venir", a jugé lui le Premier ministre britannique David Cameron.
La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a également salué "une avancée décisive". "Les gouvernements doivent maintenant faire entrer les mots dans les faits", a-t-elle ajouté, soulignant notamment l'importance de la question de la tarification du carbone.
"Il reste encore beaucoup de travail à accomplir" mais l'accord "est un signe d'espoir", a abondé la chancelière allemande Angela Merkel, tandis que le président du Conseil des ministres italien Matteo Renzi a parlé "d'un pas en avant décisif".
La Suisse se réjouit
La Suisse, qui s'est beaucoup engagée dans les négociations lors de la COP21 à Paris, se réjouit de l'adoption de l'accord, a indiqué samedi dans un communiqué le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC).
Pour la Suisse, estime le DETEC, le fait que les pays qualifiés de grands émetteurs sont maintenant tenus d'agir en vertu de cet accord, "est un point central" obtenu lors des pourparlers.
Le DETEC de prévenir toutefois: "Cet accord ne correspond cependant pas encore au niveau d'engagement qui serait nécessaire pour faire face à la problématique climatique". Plusieurs dispositions doivent encore être concrétisées lors des prochaines conférences sur le climat, estime-t-on à Berne.
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mac avec agences
Prudence pour les associations
A l'instar d'autres associations, pour le WWF Suisse, le projet d'accord sur le climat de Paris constitue un progrès mais pas une percée.
La date de la première révision obligatoire fixée à 2025 fait débat. "Les quinze prochaines années sont décisives pour rester sous 2 degrés selon le Groupement international d'experts du climat (GIEC), donc 2025 c'est trop tard", souligne par ailleurs un expert au World Resources Institute.
A sa suite, le climatologue français Jean Jouzel, prix Nobel de la paix en 2007 avec le GIEC, a jugé "ambitieux" l'accord conclu samedi à Paris mais a regretté un manque de moyens pour agir d'ici 2020.
Martin Beniston, climatologue et professeur à l’Institut des sciences de l’environnement à Genève, a également souligné au 19h30 l'importance d'agir rapidement:
En outre, pour Georg Klingler, expert du climat auprès de Greenpeace Suisse, "un pays riche (comme la Suisse), avec un budget carbone limité doit clairement en faire plus afin de sortir entièrement des énergies fossiles d'ici à 2050".
Des promesses des pays insuffisantes
La quasi totalité des pays, 187, ont remis à l'ONU, pour la COP de Paris, leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre à l'horizon 2025-2030, des promesses qui restent insuffisantes pour contenir le réchauffement sous le seuil des +2°C.
Si tous ces engagements étaient tenus, la planète se réchaufferait de +3° par rapport au niveau pré-industriel, contre +4 à 5° si rien n'était fait.
Ces 187 pays couvrent la quasi-totalité des émissions globales de gaz à effet de serre.