"Ils sont à Syrte, ils étendent leur territoire sur 250 kilomètres linéaires de côte, mais ils commencent à pénétrer vers l'intérieur et à avoir (une) tentation d'accès à des puits de pétrole et des réserves de pétrole", a dit le ministre à la radio RTL.
Le groupe djihadiste tente en effet de "mettre la main sur les ressources pétrolières", selon une source diplomatique française, en s'étendant vers Ajdabiya, à 350 km de Syrte et 200 km au sud de Benghazi, dans une zone où se concentrent la plupart des gisements et terminaux pétroliers et gaziers du pays.
Un pays déchiré
Le groupe EI compte 2000 à 3000 combattants en Libye, dont 1500 à Syrte, à 450 km à l'est de la capitale Tripoli.
Le pays, déchiré par les luttes de clans depuis la chute de Mouammar Kadhafi, a pour l'instant deux Parlements: l'un dans la capitale et l'autre, reconnu par la communauté internationale, à Tobrouk.
Le pétrole au coeur de la crise
Hasni Abidi, politologue et directeur du Centre d'études sur le monde arabe à Genève, a relevé la nécessité de parvenir à un accord pour former une gouvernement d'union nationale, négocié actuellement au Maroc, et pouvoir agir communément contre l'EI, qui cherche à s'emparer du pétrole libyen à l'est du pays. Il s'exprimait mardi dans le Journal du matin sur RTS-La 1ère.
"Si l'EI parvient à s'en emparer, la Libye risque la faillite, car la production pétrolière est déjà en forte baisse. Le pays produisait 1,5 million de barils avant la chute de Kadhafi, nous sommes aujourd'hui à 500'000".
"L'EI peine à recruter"
Pour Hasni Abidi, l'implantation de l'EI a fait passer le dossier libyen d'une priorité pour la communauté internationale à une urgence de première ordre. Il a cependant expliqué que l'EI avait de la peine à recruter en Libye.
"Il y a déjà plusieurs autres mouvements radicalisés dans le pays, des chefs de guerre qui n'obéissent à aucune force politique, les Libyens n'ont pas de raison de se laisser séduire par Daech".
L'embargo sur les armes n'est pas suffisant en Libye, les chefs de guerre en profitent.
Hasni Abidi a encore relevé l'importance de faire pression sur les chefs de guerre de tous bords avec des sanctions économiques et pénales. "S'ils empêchent la signature des accords ou leur réalisation, il faut leur dire que leur dossier sera transmis à une cour pénale internationale, car ce sont des crimes de guerres qui ont été commis en Libye".
Enfin, même si la France pourrait être tentée, une intervention militaire est à exclure selon le spécialiste du monde arabe, car des solutions politiques restent encore possible.
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