Interrogé lundi soir dans l'émission Forum, il rappelle que l'Espace Schengen est confronté à trois défis importants. "Le premier est de montrer qu'on est capables d'aider les Etats membres à assumer leur responsabilité première qui est d'assurer la sécurité des citoyens; le deuxième est de préserver l'Espace Schengen; et le troisième est d'éviter le lien que je qualifierais de toxique entre immigration et terrorisme."
Le coordinateur de l'UE pour l'antiterrorisme estime que l'utilisation de la filière migratoire par des djihadistes est marginale, "mais parce qu'il faut éviter ce lien toxique, cela suppose qu'on prenne des mesures plus fortes encore pour resserrer les mailles du filet."
Contrôle systématique aux frontières extérieures
C'est ce que les ministres des Affaires intérieures ont fait ces dernières semaines, rappelle-t-il. Ils ont demandé à la Commission européenne de faire des propositions pour assurer une obligation de contrôle systématique de tous les ressortissants européens à l'entrée et à la sortie, ainsi que celui des ressortissants de pays tiers. "Mais je dois dire que ce n'est pas simple", reconnaît-il.
L'illusion des frontières intérieures
Face aux voix qui réclament un retour des frontières intérieures européennes pour contrer le flot de migrants et le terrorisme, le coordinateur de l'UE pour l'antiterrorisme estime que c'est pure illusion. "Il faut tout au contraire plus d'Europe, plus de Schengen", dit Gilles de Kerchove. Mais il faut évidemment aussi, précise-t-il dans la foulée, "plus de détermination des Etats membres sur le terrain lorsqu'ils mettent en oeuvre ce qui a été décidé à Bruxelles."
"La libre-circulation est l'une des plus belles réalisations de l'intégration européenne", souligne-t-il. "Les citoyens souhaitent de la sécurité mais ils ne souhaitent pas que l'on rétablisse les contrôles aux frontières. Je pense que ce serait une régression et je ne suis pas certain que cela amènerait de la sécurité supplémentaire."
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Impossible de mettre en prison tous les djihadistes de retour
L'Europe va devoir "digérer" le retour de Syrie de centaines de combattants étrangers, a mis en garde Gilles de Kerchove lundi à Rome lors de la conférence "Med-2015" sur la Méditerranée.
Il ne sera pas possible de tous les mettre en prison, a-t-il prévenu.
Environ 3000 de ces combattants sont passés par la Syrie. "Or, des centaines d'entre eux vont rentrer en France, en Belgique ou en Italie, "fortement radicalisés. Comment allons-nous faire?", s'est interrogé le coordinateur lors d'un débat consacré à l'antiterrorisme.
L'UE relance la procédure d'adhésion de la Turquie
Comme promis, l'UE va redynamiser lundi les négociations d'adhésion avec la Turquie, lors d'une conférence intergouvernementale en fin de journée à Bruxelles.
Les Européens doivent ouvrir un nouveau chapitre de négociation avec Ankara, sur la politique économique et monétaire (le "chapitre 17").
En échange, l'UE attend d'Ankara une meilleure coopération sur la crise migratoire et une lutte accrue contre l'organisation Etat islamique (EI) en asséchant notamment le commerce lucratif de pétrole des djihadistes.