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"La diplomatie russe s'est réveillée trois ans trop tard sur la Syrie"

Syrie - Résolution pour la paix: le point d’Alain Délétroz, Cadre résident GCSP
Syrie / Résolution pour la paix: le point d’Alain Délétroz, Cadre résident GCSP / 19h30 / 3 min. / le 19 décembre 2015
S'il salue l'accord pour un plan de paix en Syrie trouvé vendredi à l'ONU, l'expert Alain Délétroz relève que beaucoup de temps a été perdu: une proposition similaire avait été rejetée par Moscou en 2012.

"Cet accord représente un réel espoir. Il y a encore beaucoup d'obstacles sur la route, mais l'optimisme est enfin permis", a déclaré le cadre résident du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP), invité au 19h30.

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"La situation en Syrie est complexe, avec énormément d'intérêts divergents. Que les grandes puissances aient trouvé un terrain d'entente est une très bonne chose", a poursuivi Alain Délétroz. "Mais il a fallu pour cela 300'000 morts, soit davantage que la population de la ville de Genève!"

Le même accord qu'en 2012

L'expert se montre particulièrement critique envers Moscou. "La diplomatie russe s'est réveillée beaucoup trop tard. L'accord paraphé hier soir (vendredi, ndlr) est, dans les grandes lignes, le même que celui qui a été proposé en 2012: cette résolution s'appuie sur la conférence de Genève 2", a-t-il analysé.

Tout ce qui a eu lieu hier à New York aurait pu être fait en 2011 déjà. Nous avons eu un affrontement, un aveuglement des grandes puissances

Alain Délétroz, cadre résident du Centre de Politique de Sécurité de Genève

Pour lui, la Russie pourrait néanmoins accepter une solution sans Bachar al-Assad. "Vladimir Poutine n'est pas forcément attaché à lui. Ce qu'il ne veut pas, c'est qu'un mouvement venu de la rue puisse renverser un président. Il pourrait redouter de vivre le même sort. Mais, sur le plan diplomatique, il est possible de trouver un accord avec Moscou.

>>> Lire aussi: Moscou se dit prêt à s'engager davantage militairement en Syrie

"J'ai été découragé"

Le diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris a également jugé "raisonnable" un calendrier prévoyant des discussions dès janvier et la mise en place d'un gouvernement transitoire dans la foulée. En revanche, l'organisation d'élections dans un pays en ruines est un "gros défi".

"L'important, c'est qu'il y ait un agenda précis", a-t-il conclu, confiant qu'après avoir été longtemps "découragé" par l'absence d'issue diplomatique en Syrie.

asch

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Des négociations en Suisse?

Egalement interrogé par la RTS, Didier Burkhalter a estimé que ce n'était "pas encore la réussite, mais le début d'une solution". "Nous avons un accord réunissant les grandes puissances et les puissances régionales, c'est très important", a analysé le chef du DFAE.

La Suisse, qui a déjà accueilli par le passé des négociations sur la Syrie, est prête à remettre le couvert. "Nous sommes ouverts à accueillir des discussions, dès janvier s'il le faut", a assuré le Neuchâtelois.

Un accord "irréaliste", dénonce l'opposition

C'est la première fois en presque cinq ans de conflit que les 15 membres du Conseil de sécurité ont adopté, à l'unanimité, une résolution qui établit une feuille de route pour une solution politique.

Mais la prudence doit rester de mise: l'accord ne résout pas la question cruciale du sort réservé au président Bachar al-Assad. Dans une déclaration samedi sur Twitter, le chef de la Coalition nationale syrienne (CNS), principale formation de l'opposition en exil, a décrit l'accord comme "irréaliste", ajoutant même qu'il "torpille" les résultats de la récente réunion des forces de l'opposition à Ryad.