Publié

La Chine expulse une journaliste française en poste à Pékin

Ursula Gauthier (photographiée ici en 2002). [AFP - Eric Fefferberg]
La Chine expulse une journaliste française en poste à Pékin / Forum / 8 min. / le 25 décembre 2015
La correspondante à Pékin de l'hebdomadaire français L'Obs, Ursula Gauthier, va être expulsée par les autorités chinoises. Elle est le premier journaliste étranger à subir ce sort depuis 2012.

En poste à Pékin depuis six ans, la journaliste avait été l'objet depuis un mois d'une violente campagne d'attaques dans les médias étatiques. Le gouvernement n'a pas apprécié un article décrivant la politique répressive menée par Pékin au Xinjiang, vaste région à dominante musulmane de l'ouest du pays.

Interrogée vendredi soir dans l'émission Forum, Ursula Gauthier assure cependant ne pas comprendre ce qui a pu irriter à ce point les autorités chinoises. "La question reste mystérieuse. Je ne sais pas pourquoi mon article a déclenché une telle fureur alors que beaucoup de correspondants étrangers de différents pays ont écrit des articles à peu près semblables", souligne-t-elle.

Demande d'excuses "publiques et solennelles"

Le ministère chinois des Affaires étrangères a téléphoné vendredi à Ursula Gauthier pour l'informer que, faute "d'excuses publiques" de sa part, sa carte de presse ne serait pas renouvelée et qu'elle devrait donc quitter le pays au 31 décembre. "La dernière fois que j'ai rencontré les gens du ministère", raconte la correspondante française, "ils m'ont dit: les conditions pour que vous puissiez rester en Chine, c'est que vous fassiez des excuses publiques et solennelles au peuple chinois dont vous avez blessé les sentiments par vos propos et vos actions erronés et odieux."

On a demandé aussi à la journaliste de reconnaître qu'il y avait du terrorisme au Xinjiang et de se désolidariser des ONG occidentales comme Reporters Sans Frontières ou l'association des correspondants étrangers en Chine, qui ont présenté  son cas comme une atteinte à la liberté de la presse en Chine.

"Je leur ai dit que c'était impossible", dit Ursula Gauthier. "Je ne peux pas m'excuser pour des propos que je n'ai pas écrits, et je ne peux pas me désolidariser de ces associations qui disent la vérité."

Expulsion pour l'exemple

Pour la correspondante de L'Obs, il est clair que son cas est destiné à faire pression sur la presse étrangère en Chine. "C'est évident, parce qu'ils savent bien que je suis une spécialiste de la Chine et - que je sois à Pékin ou à Paris - je vais continuer à écrire sur la Chine. Donc, ils ne peuvent pas espérer me faire taire. En revanche, pour tous mes collègues correspondants étrangers qui restent ici sur place, c'est une pression qui est faite sur eux, pour qu'à l'avenir ils n'écrivent plus aussi librement".

oang

Publié