"Le premier essai de bombe à hydrogène de la République a été mené avec succès à 10h00" (2h30 suisses), a annoncé la télévision officielle nord-coréenne, précisant que l'engin était "miniaturisé". "Avec le succès parfait de notre bombe H historique, nous rejoignons les rangs des Etats nucléaires avancés."
Ces déclarations ont été faites après que plusieurs agences de surveillance de phénomènes géologiques ont dit avoir enregistré un tremblement de terre de magnitude 5,1 à 49 km au nord-ouest de Kilju, soit tout près du site d'essais atomiques de Punggye-ri. Il s'agit du 4e essai nucléaire de la Corée du Nord, sous le coup de sanctions internationales à cause de son programme de missiles.
Une annonce-surprise
L'annonce de ce test d'une bombe H est une surprise. Pyongyang affirme qu'il a été personnellement ordonné par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un à deux jours de son anniversaire.
Une bombe à hydrogène, ou bombe thermonucléaire, utilise la technique de la fusion nucléaire et produit une explosion beaucoup plus puissante qu'une déflagration due à la fission, générée par les seuls uranium ou plutonium. Pyongyang a testé trois fois la bombe atomique A, qui utilise la seule fission, en 2006, 2009 et 2013, ce qui lui a valu plusieurs volées de sanctions internationales.
Les spécialistes sceptiques
Le mois dernier, Kim Jong-Un avait laissé entendre que son pays avait mis au point une bombe H, une déclaration largement mise en doute par les spécialistes internationaux. Le scepticisme n'était pas moins grand après les annonces de mercredi.
"Cette arme avait probablement la taille de la bombe américaine d'Hiroshima, mais ce n'était pas une bombe à hydrogène. On a affaire à de la fission", a assuré à la BBC Bruce Bennett, analyste spécialiste de la défense chez la Rand Corporation. "Le bang qu'ils auraient obtenu aurait été 10 fois supérieur à ce qu'ils ont obtenu."
La plupart des spécialistes estimaient que Pyongyang était à des années de pouvoir développer une bombe thermonucléaire. Ils étaient toutefois divisés quant à ses capacités de miniaturiser l'arme atomique, étape décisive dans la production d'ogives nucléaires.
agences/fb/tmun
Le monde condamne et l'ONU se réunit
Cette annonce a rapidement suscité des condamnations unanimes à travers le monde. A la demande du Japon et des Etats-Unis, le Conseil de sécurité de l'ONU va se réunir en urgence mercredi pour en discuter.
La Corée du Sud voisine a "condamné avec force" cet essai, alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe a parlé de "grave défi" aux efforts mondiaux de non prolifération nucléaire et de "sérieuse menace" contre le Japon.
La Chine, principale alliée de la Corée du Nord, a elle déclaré "s'opposer fermement" au nouvel essai nucléaire de Pyongyang, soulignant qu'il a été réalisé "en dépit de l'opposition de la communauté internationale".
Les Etats-Unis ont eux fustigé ce soi-disant 4e test nucléaire nord-coréen, évoquant des "provocations" de la part de Pyongyang. Ils ont avoué être incapables de confirmer si ce pays avait bel et bien effectué l'essai qu'il prétend.
La Grande-Bretagne a aussi parlé de provocation et de violation grave des résolutions de l'ONU, alors que Paris a souhaité "une réaction forte de la communauté internationale".