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"Tu serais prêt à tirer dans la foule?" Un apprenti terroriste raconte

Le Bataclan avait déjà été visé par le passé. [NurPhoto/AFP - Hristo Rusev]
La salle de concerts du Bataclan après les attentats. - [NurPhoto/AFP - Hristo Rusev]
Un djihadiste revenu de Syrie et arrêté en août en France a raconté son recrutement par l'EI et affirmé que ses chefs lui ont demandé de commettre un acte terroriste dans un lieu de concert, rapporte Le Monde mercredi.

Selon Le Monde, R.H. a expliqué aux policiers que son recruteur en Syrie était Abdelhamid Abaaoud, l'un des coordinateurs des attentats du 13 novembre à Paris, et que c'est lui qui l'a poussé à rentrer en France pour commettre un attentat.

Il m'a dit que celui qui fonce seul face à l'ennemi sans se retourner, il a la récompense de deux martyrs

R.H.

"Il m'a demandé si ça m'intéressait de partir à l'étranger. Imagine un concert de rock dans un pays européen, si on te passe de quoi t'armer, est-ce que tu serais prêt à tirer dans la foule? Pour trouver des armes, il m'a dit qu'il n'y avait aucun souci. Je n'avais qu'à demander ce dont j'avais besoin, en France ou en Europe."

R.H. assure qu'il a ensuite eu peur, qu'il n'a jamais eu l'intention d'obéir et qu'il a jeté le nom de ses contacts. Reste qu'il a été arrêté dès son retour en France. Et qu'il a évoqué un drame dans une salle de concert trois mois avant le Bataclan: "Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela va arriver très bientôt. Là-bas, c’était une véritable usine et ils cherchent vraiment à frapper en France ou en Europe."

Je préfère mourir en allant au paradis que de tuer des innocents et aller en enfer

R.H.

boi

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Recrutement et entraînement

Né dans un quartier plutôt cossu de Paris, R.H. affirme avoir été scandalisé par les atrocités commises par Bachar al-Assad en Syrie et être parti sur place pour le combattre. Il a fini par préférer l'EI aux rebelles syriens et s'est rendu dans le califat autoproclamé.

Après avoir nié, il a raconté toute son histoire aux enquêteurs de la la Direction générale de la sécurité intérieure: les raisons du départ, le voyage vers la Syrie, le recrutement, les entraînements militaires, le conditionnement et une même une blessure. Puis son retour en France, via la Turquie, Prague et Amsterdam.

De nombreuses nationalités

Durant son périple, R.H. dit avoir rencontré des personnes de toutes les nationalités, notamment un Egyptien avec son épouse et son fils et un couple de Luxembourgeois accompagné de leurs deux enfants de 4 ans et 6 mois au moment de son arrivée en Syrie.

Lors du recrutement à Raqqa, il dit avoir été parqué avec une centaine de personnes dans une grande pièce avec "beaucoup de Philippins", mais aussi des Russes, des Bosniens, des Tchétchènes, des Marocains, des Chinois, des Indiens et un Américain.

On lui a aussi conseillé de plutôt fréquenter les Marocains ou les Algériens et d’éviter les Français, qui auraient "mauvaise réputation". "Ils se comportent souvent comme à la cité", lui dit-on.

Il cite aussi des rencontres à Raqqa avec un Iranien blessé à la jambe, un Kazakh armé d’un M16 et d’un couteau impressionnant et deux Afghans bardés de cicatrices.