Modifié

La maire de Cologne moquée pour ses conseils après la vague d'agressions

Près de 100 femmes ont porté plainte pour agression sexuelles durant la nuit du Nouvel An. Des centaines de manifestants ont défilé mardi soir dans les rues de Cologne.
Près de 100 femmes ont porté plainte pour agression sexuelles durant la nuit du Nouvel An. Des centaines de manifestants ont défilé mardi soir dans les rues de Cologne.
La maire de Cologne, théâtre d'une vague d'agressions sexuelles à Nouvel An, faisait mercredi l'objet de critiques et moqueries sur Twitter pour son conseil donné aux femmes de se tenir à bonne distance des inconnus.

Henriette Reker, maire de la métropole rhénane, a recommandé mardi aux femmes de respecter "une certaine distance, plus longue que le bras" avec les inconnus pour se protéger d'éventuels assauts. Elle s'exprimait lors d'une conférence de presse à la suite d'agressions sexuelles qui ont choqué toute l'Allemagne. L'élue répondait à la question d'une journaliste sur le meilleur moyen de se protéger.

Son conseil a déclenché une vague de commentaires sarcastiques sur Twitter, les hashtags #ArmlaengeAbstand (distance de plus d'un bras) ou #einearmlaenge (de la longueur d’un bras ) s'imposant rapidement mercredi comme les plus partagés en Allemagne.

L'inspecteur Gadget avec un bras télescopique, le salut nazi ou Angela Merkel les bras ouverts faisaient partie des références utilisées, et les commentaires allaient bon train sur le Net.

Le ministre de la Justice Heiko Maas y est lui aussi allé de son commentaire sur le réseau social: "Ce ne sont pas les femmes qui portent la responsabilité" de ces agressions, a-t-il écrit, considérant que ce n'est pas aux femmes de changer de comportement.

Henriette Reker se défend

La maire de Cologne s'est défendue mercredi, déplorant que "les compte-rendus raccourcis dans la presse aient pu donner l'impression que (ses) mesures de prévention se limitent à des recommandations aux femmes et aux jeunes filles quant à leur comportement".

Elue depuis octobre 2015, Henriette Recker avait été poignardée la veille de son élection par un homme revendiquant des motivations racistes, mais avait maintenu sa candidature. Elle n'est toutefois pas las seule sous le feu des critiques.

Angela Merkel sous pression

La politique d'ouverture aux réfugiés d'Angela Merkel a elle aussi été pointée du doigt, notamment par certains collègues de parti de la chancelière.

En Bavière, face à la branche locale de sa famille politique, Angela Merkel a indiqué mercredi qu'elle souhaitait ralentir l'afflux de réfugiés dans l'Union européenne (UE) tout en affirmant vouloir maintenir les frontières ouvertes à l'intérieur du bloc communautaire.

>> Ecouter son discours au 19h30 :

Agressions à Cologne: Angela Merkel appelle à distinguer les agresseurs de Cologne des migrants
Agressions à Cologne: Angela Merkel appelle à distinguer les agresseurs de Cologne des migrants / 19h30 / 57 sec. / le 6 janvier 2016

Le ministre de l'Intérieur, Thomas De Maizière, se basant sur les témoignages des victimes, avait précisé que les agresseurs étaient de type "nord-africains ou arabe". Les détracteurs d'Angela Merkel ont aussitôt essayé de lier ces agressions à l'afflux de migrants.

>> Lire : L'Allemagne a enregistré plus d'un million de demandes d'asile en 2015

L'extrême droite a même tenté de mobiliser mercredi à Cologne, mais moins de dix manifestants ont répondu à l'appel du parti Pro NRW sous le mot d'ordre "La violence des immigrés ne nous laisse pas froids". Ils ont été copieusement hués par quelque 150 contre-manifestants.

L'inaction de la police dénoncée

Les autorités de Berlin ont en outre critiqué mardi soir l'inaction de la police de Cologne. "La police ne peut pas travailler de cette manière", a déclaré Thomas De Maizière dans la soirée à la chaîne de télévision publique ARD.

Les forces de l'ordre sont sous le feu des critiques pour ne pas être intervenues lors des faits survenus en plein centre sur une grande place très fréquentée au pied de la cathédrale, alors qu'elles étaient mobilisées en nombre pour la nuit de la Saint-Sylvestre.

La police a reconnu avoir, peu avant les agressions, fait évacuer cette place du fait de tirs dangereux de feux d'artifice, mais indiqué que les agressions avaient débuté plus tard, sans qu'elle en prenne la mesure.

>> Le point avec Clément Perrouault, au 19h30 :

Agressions à Cologne: le point avec Clément Perrouault à Cologne
Agressions à Cologne: le point avec Clément Perrouault à Cologne / 19h30 / 1 min. / le 6 janvier 2016

agences/fme

Publié Modifié

Trois suspects identifiés

La police a identifié trois suspects liés aux agressions commises contre des femmes le soir du réveillon à Cologne, a annoncé mercredi le ministère de l'Intérieur de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Quelque 90 femmes au total ont porté plainte.

Ces femmes disent avoir été victimes d'attouchements sexuels et de viols par des groupes de jeunes hommes souvent ivres et semblant agir en bandes organisées.

Une des femmes dit avoir été violée pendant cette vague d'agressions sans précédent qui a vu près d'un millier d'hommes âgés d'environ 18 à 35 ans et répartis en petits groupes s'en prendre aux femmes présentes.

L'ampleur des faits sous-estimée par les médias nationaux

L'ampleur réelle des faits n'a été révélée que mardi en Allemagne à la suite de l'accumulation de plaintes de victimes féminines.

La chaîne publique allemande ZDF a d'ailleurs présenté ses excuses pour avoir tardé, à l'instar de la plupart des grands médias nationaux, à évoquer les agressions. Son inaction a suscité de vives critiques du public.

Le fait que le journal de lundi soir "n'ait pas au moins mentionné les incidents était une négligence", écrit la rédaction du journal télévisé sur ses comptes Facebook et Twitter. "Ne pas en parler "était (...) clairement un jugement erroné", reconnaît-elle.