"Le wahabisme saoudien est l'aile marchande de l'islam combattant. Maintenant Dr Frankenstein (l'Arabie saoudite) essaie de détruire son monstre. Et nous, on aide à tuer le monstre sans tuer l'auteur", a estimé Pierre Conesa sur La Première, au lendemain d'un attentat qui a fait dix morts à Istanbul.
>> Lire : Au moins huit des dix victimes de l'attaque d'Istanbul étaient allemandes
L'ancien haut fonctionnaire au ministère français de la Défense, qui a écrit le "Guide du petit djihadiste", a dressé quelques voies à prendre pour freiner la "crise mondialisée" créée par l'organisation Etat islamique (EI).
L'Arabie saoudite finance le salafisme
Pierre Conesa a appelé à désigner la cible, à savoir "le salafisme", et non "l'islam radicalisé", terme qui porte préjudice à une communauté. L'Arabie saoudite finance le salafisme depuis 1979 sur toute la planète, rappelle-t-il.
Ainsi, il ne faut pas s'allier "avec le pays le plus intolérant et le plus belliciste", "il faut prendre nos distances", selon lui. L'essayiste a déclaré néanmoins que les liens commerciaux pouvaient être maintenus, relevant que l'embargo s'utilise "à tort et à travers".
On ne peut pas être les gendarmes de la planète
Le djihadisme salafiste trouve racine dans le conflit séculaire entre sunnites et chiites, selon cet historien. "Le phénomène déchire actuellement sept à huit pays de la région et nous n'avons aucune légitimité d'intervenir", a-t-il poursuivi.
"On ne peut pas être les gendarmes de la planète. Et comme on le fait, on risque des attentats chez nous", a prévenu le spécialiste des questions stratégiques et militaires. "Si aujourd'hui, il existe une guerre de religion dans la région, on ne peut rien y faire", a-t-il insisté.
Le terrorisme se combat par le renseignement et par des moyens policiers, selon Pierre Conesa. "Ceux qui sont sous les bombardements se solidarisent avec ceux qui les protègent", a-t-il poursuivi.
Mettre fin aux "argumentaires propagandistes"
Depuis que la France mène des raids aériens, le nombre de départs pour la Syrie a doublé. De même, les bombardements israéliens à Gaza n'ont pas tué le Hamas, bien au contraire, a-t-il précisé. "Il faut priver le salafisme d'argumentaires propagandistes", a-t-il martelé.
Selon Pierre Conesa, tant que l'Etat hébreu poursuivra sa politique de colonisation et de construction de murs, le conflit israélo-palestinien constituera un "abcès pour toute la communauté arabo-musulmane". Rappelant que le problème dure depuis 48 ans, il a invité l'Occident à obtenir d'Israël qu'il "négocie véritablement".
bri