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Le procès de l'ex-Première ministre thaïlandaise s'est ouvert à Bangkok

L'ex-cheffe du gouvernement thaïlandais Yingluck Shinawatra à l'ouverture de son procès à Bangkok. [Chaiwat Subprasom]
L'ex-cheffe du gouvernement thaïlandais Yingluck Shinawatra à l'ouverture de son procès à Bangkok. - [Chaiwat Subprasom]
Le procès de l'ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, accusée de négligence dans un procès largement jugé politique, s'est ouvert vendredi à Bangkok. Elle risque dix ans de prison.

Des dizaines de ses partisans ont bravé pour l'occasion l'interdiction de manifester, en vigueur depuis le coup d'Etat de mai 2014 ayant renversé son gouvernement. "Nous aimons Yingluck", ont scandé les manifestants venus la soutenir devant le tribunal, des roses à la main.

Devant une foule de journalistes, elle s'est déclaré "confiante" dans l'issue positive de son procès qui devrait durer un an.

Sorties du territoire limitées

Dans l'intervalle, Yingluck n'est autorisée à quitter le territoire que sur autorisation judiciaire. Ses dernières demandes, notamment d'aller s'exprimer à Bruxelles à la suite d'une invitation de députés du Parlement européen, ont été retoquées, a dénoncé sa défense.

Yingluck avait été mise en examen en février 2015 pour négligence après avoir mis en place pendant son mandat un programme de subvention de riz (lire encadré).

Malgré les dénégations de la junte militaire, les accusations d'arrières-pensées politiques sur ce procès sont largement partagées.

afp/jgal

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Une politique de subventions controversée

L'ex-cheffe du gouvernement a toujours défendu sa politique de subvention aux riziculteurs, estimant qu'il s'agissait d'une aide nécessaire pour aider les agriculteurs pauvres qui reçoivent historiquement peu d'aide du gouvernement.

Toutefois, bien que populaire dans les bastions ruraux des Shinawatra, ce programme s'est révélé économiquement désastreux et a laissé au pays des stocks massifs de riz invendu.

Ironiquement, après avoir dénoncé un programme de subventions populiste, la junte est en train de mettre en place une politique similaire destinée notamment aux cultivateurs d'hévéas, base de la production de caoutchouc.

Un arrière-fond politique

La junte militaire, qui a pris le pouvoir en mai 2014 par un coup d'Etat, est accusée de vouloir sortir définitivement Yingluck du jeu politique, avant d'hypothétiques élections annoncées à l'horizon 2017.

"La junte reste en quête de légitimité. Et l'affaire Yingluck lui fournit un prétexte", explique à l'AFP Pavin Chachavalpongpun, un universitaire thaïlandais très critique de la junte, exilé depuis le coup d'Etat.

Ce n'est pas la première fois que la puissante famille Shinawatra, qui a remporté toutes les élections nationales depuis 2001, est l'objet de poursuites dénoncées comme politiques, dans un pays sans tradition de séparation des pouvoirs.

Le frère de Yingluck, Thaksin Shinawatra, ex-Premier ministre lui aussi balayé par un coup d'Etat en 2006 vit en exil depuis plusieurs années pour échapper à une peine de deux ans de prison pour corruption.