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"Fini l'exportation de tapis et pistaches, l'Iran doit s'industrialiser"

Bernard Hourcade. [www.wilsoncenter.org/]
Bernard Hourcade, géographe, spécialiste de l'Iran / L'invité de la rédaction / 15 min. / le 18 janvier 2016
Géographe et spécialiste de l'Iran, Bernard Hourcade a relevé lundi sur les ondes de la RTS que les entreprises et la relance économique seront la clé du redémarrage de l'Iran après la levée des sanctions.

"Il aura fallu 37 ans de République islamique d'Iran pour qu'elle soit reconnue internationalement. Beaucoup de choses ont changé aujourd'hui, le pays ne doit plus être considéré comme un Etat voyou. L'Iran est un pays nouveau, même s'il s'agit de se hâter lentement et de renouer les relations avec prudence", a estimé le directeur de recherches au CNRS dans le Journal du matin.

>> Voir le sujet du 19h30 sur la levée des sanctions à l'encontre de l'Iran :

Iran: les sanctions liées à l'accord nucléaire sont levées
Iran: les sanctions liées à l'accord nucléaire sont levées / 19h30 / 2 min. / le 17 janvier 2016

Modestie et prudence restent donc la clé pour Bernard Hourcade, qui explique qu'il faudra du temps pour que "ce nouveau logiciel" soit installé dans la tête des citoyens et des dirigeants du monde et qu'ils apprennent comment celui-ci fonctionne.

"Pour les Etats-Unis ou la France, il ne s'agit plus de soutenir l'Arabie saoudite contre le "méchant Iran" par exemple. Mais cela prendra du temps de changer les esprits".

Fini les tapis et pistaches

Au niveau du pétrole, l'Iran compte bien sûr parmi les plus grands exportateurs mondiaux, note le géographe, qui estime que tout le monde a intérêt à ce qu'un accord sur le prix du pétrole intervienne rapidement entre l'Arabie saoudite et l'Iran.

"Les tapis et les pistaches sont encore les deux principaux postes d'exportations après le pétrole. L'Iran est passé totalement à côté de l'industrialisation. Pour que l'économie reparte, il faut que les entreprises reviennent", explique Bernard Hourcade.

"Il faut savoir que l'Iran est un pays très fier qui demande à être respecté. Pour réussir en Iran, il faut être modeste et avancer pas à pas. Un entrepreneur doit savoir qu'il ne s'investit pas en Iran pour 3 jours mais pour 30 ans".

>> Lire aussi : Après la levée des sanctions, l'Iran veut un avenir moins lié au pétrole

Drogue et droits de l'homme en question

Abordant la question des droits de l'homme, le spécialiste de géopolitique estime qu'"il y a 2 à 3 exécutions quasiment chaque jour en Iran" le plus souvent pour des condamnations liées au trafic de drogue.

"80% de l'opium consommée dans le monde passe par l'Iran. Le pays veut absolument régler ce problème. On peut évidemment ne pas être d'accord avec les moyens de s'y attaquer mais on ne peut pas faire la leçon à l'Iran. Pour que le pays respecte les droits de l'homme, il faut que cela passe par le monde de l'entreprise. Il faut une certaine stabilité et des droits pour faire du business, l'Iran doit comprendre cela".

Face aux Etats-Unis

Même si Donald Trump devenait président des Etats-Unis, il serait obligé de modérer ses éventuelles ardeurs face à l'Iran en vertu de l'économie et d'entreprises comme Boeing ou Exxon prêtes à faire des affaires avec l'Iran, a analysé le chercheur.

Le géographe a toutefois exclu pour le moment une alliance militaire contre le groupe Etat islamique avec la coalition internationale. "Le 25 février prochain se tiendra toutefois une conférence sur la Syrie pour la première fois en présence de l'Iran."

Bernad Hourcade a encore relevé le rôle positif de la Suisse dans les négociations.

>> Ecoutez aussi à ce propos "L'industrie suisse intéressée par le marché iranien" :

L'industrie iranienne va repartir avec la levée des sanctions. [AP Photo/Keystone - Vahid Salemi]AP Photo/Keystone - Vahid Salemi
L'industrie suisse intéressée par le marché iranien / Le Journal du matin / 1 min. / le 18 janvier 2016

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