Alors qu'une partie du camp est en voie de démantèlement (lire encadré), les conditions de vie sont toujours très difficiles. Même si la "Jungle" semble encore plus organisée, avec davantage de magasins (dont un de vélo), des petits restaurants ou une impressionnante église faite de toiles et de cartons, l'hygiène reste déplorable avec seulement 4 points d’eau et quelques toilettes en fin de vie. Quant à la douche, elle est froide et insuffisante pour tout le monde.
Des baraquements officiels viennent de voir le jour, où pour l'instant seules des familles sont relogées. Mais nombreux sont les migrants à ne pas vouloir emménager dans ces nouveaux lotissements, car il faudra pour y accéder laisser ses empreintes et bon nombres de personnes refusent de le faire. C’est le cas de Nayef qui a trop peur qu’on puisse le renvoyer en France le jour où éventuellement il arrivera à rejoindre l’Angleterre.
Amaigri et exténué
Depuis un mois, Nayef a ce qu’il appelle une maison. C’est-à-dire un petit cabanon qu’il partage avec trois compatriotes. A l’intérieur il y a des lits de camps et un réchaud. C’est sommaire mais tout autre chose que lorsqu’il vivait dans sa tente en toile.
Il a énormément maigri. Il ne parle que très peu et à de la peine à terminer ses phrases. Il est exténué. Si son corps résiste, son esprit le torture: le peu de confort qu’il possède l’oblige à rester sur place et il est désormais prisonnier de ce ghetto qui petit à petit se referme sur lui.
Sa fatigue est telle qu’il n’arrive que 2-3 fois par semaine à tenter sa chance et se faufiler dans un camion pour tenter sa chance vers l'Angleterre.
Il peut concevoir de mourir ici ou d'enfin trouver un bon passeur. Mais les prix ont beaucoup augmenté et certains n’hésitent pas à demander jusqu’à 10'000 livres (14'400 francs). Il envisage même de rentrer en Syrie.
Nicolae Schiau
Le fil Twitter de Nicolae Schiau
Des travaux de défrichement dans certains secteurs
Des travaux de défrichement ont débuté lundi dans le calme dans deux secteurs du camp de migrants de Calais, évacués par leurs résidents, ont constaté des journalistes de l'AFP. Sous surveillance des forces de l'ordre, plusieurs tractopelles et bulldozers étaient à l'oeuvre en milieu de matinée dans la "Jungle", où environ 4000 migrants attendent dans l'espoir de pouvoir rallier l'Angleterre.
Les autorités souhaitent ainsi d'empêcher les intrusions sur la rocade portuaire, où les migrants tentent de monter à bord des camions embarquant pour Douvres. Il s'agit aussi de protéger les riverains et les migrants des risques d'accident. Selon les sources, entre 500 et 1200 personnes vivaient dans cette zone. Ces derniers jours, certains se sont repliés sur d'autres secteurs de la Jungle, d'autres ont rejoint un nouveau camp de conteneurs chauffés.