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Comment des journalistes ont piégé des adeptes de théories du complot

Dans ses mémos secrets quotidiens au président qu'elle publie sur son site, la CIA décrit le monde comme elle le voyait entre 1961 et 1969 [Larry Downing]
Des adeptes de théories du complot piégés par un journaliste français / Tout un monde / 11 min. / le 11 février 2016
Une équipe de journalistes raconte dans le documentaire "ConspiHunter" - chasseurs de conspirations - comment elle a piégé des adeptes de théories du complot en utilisant leurs propres codes.

Le virus du sida a été inventé par la CIA dans sa lutte contre Cuba. C’est la vraie raison du blocus économique et sanitaire de l'île depuis 50 ans. Si le président Barack Obama accepte aujourd'hui de lever l’embargo, c’est pour récupérer le vaccin que les Cubains ont développé en secret.

L'histoire est digne des meilleurs scénarios à succès qui circulent sur la toile. Sauf que celle-ci a été créée de toutes pièces par une équipe de journalistes du site internet spicee.com. Ce faux documentaire, qui sera diffusé en avril sur la RTS, a été vu plus de 10'000 fois sur la plateforme de partage de vidéos YouTube après 3 semaines, et a été partagé plus de 1000 fois sur les réseaux sociaux.

Pire, ce documentaire aurait été repris "sans aucune vérification par des sites qui ont pignon sur rue", a affirmé son réalisateur Thomas Huchon, dans une interview accordée à l'émission Tout un monde de la RTS jeudi.

Recrudescence de théories depuis Charlie Hebdo

Celui qui se décrit comme un "ConspiHunter" a présenté son travail mardi lors de la journée d'étude "Réagir face aux théories du complot", organisée par le ministère français de l'Education. Depuis les attentats contre Charlie Hebdo il y a un an, les enseignants se sont retrouvés démunis face aux questions et surtout aux affirmations des jeunes.

Le problème, estime Thomas Huchon, n'est pas de douter ou de poser des questions, mais de savoir qui donne les réponses. "De nombreuses questions que se posent notamment les jeunes, qui vont chercher des réponses sur internet, ne sont traitées que par des conspirationnistes", affirme le réalisateur.

Manque de démentis

Selon lui, peu de médias professionnels ont réalisé des enquêtes de fond sur les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ou sur les théories des "chemtrails", ces traces que les avions laissent dans le ciel et que des millions de personnes considèrent comme des épandages de produits chimiques servant à transmettre des maladies et à rendre plus dociles.

"Ces questions paraissent loufoques et pourtant, de nombreuses personnes se les posent." Il n'y a pas de question bête, dit-on. Le problème, c'est que "ceux qui y répondent sont des gens très orientés, qui vivent de ce conspirationnisme", souligne le journaliste.

Un business qui paie

Pour Thomas Huchon, être conspirationniste est avant tout un commerce. Quant à savoir s'ils sont de bonne foi, le journaliste l'ignore. "Il est difficile de savoir si, pour n'en citer qu'un, Alain Soral croit vraiment à ce qu'il raconte. Ce que je sais, en revanche, c'est que ses vidéos coûtent 2 euros à la personne qui veut les regarder. Ses livres sont payants et ses sites gagnent de l'argent grâce à la publicité."

Le seul moyen pour ne pas tomber dans le panneau d'une théorie du complot, estime-t-il, est de faire appel à "notre cerveau et notre bon sens". Le journaliste appelle aussi les médias à créer un "contre-discours à tous ces mensonges qui circulent". Car un déséquilibre de l'information se creuserait sur internet, les conspirationnistes auraient gagné une place extrêmement importante, conclut-il.

fme

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Les éléments d'une bonne théorie du complot

La théorie du complot est un récit explicatif concurrent à la version communément acceptée des faits. Sa thèse va placer en son coeur l'idée d'un complot sans jamais le prouver.

Selon le "chasseurs de conspirations" Thomas Huchon, un certain nombre d’éléments constituent l'essence une théorie du complot: "il faut un grand méchant, un peu de service secret, une victime expiatoire et un élément qui va concerner le public."