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"Il y a encore des déficiences dans le système d’asile turc"

Vincent Cochetel, directeur Europe du HCR. [Anadolu Agency/AFP - Ayhan Mehmet]
L'invité de la rédaction - Vincent Cochetel / Le Journal du matin / 23 min. / le 8 mars 2016
Alors que l'Union européenne (UE) a accepté d'examiner les propositions turques pour enrayer l'afflux de migrants en Europe, Vincent Cochetel, directeur Europe du HCR, se montre prudent sur les effets d'un éventuel accord.

Un accord de principe. Voilà par quoi s'est conclu lundi le sommet sur la question migratoire entre l'Union européenne (UE) et la Turquie. Cette dernière s’est engagée à réadmettre à partir du mois de juin tous les réfugiés irréguliers qui auraient transité sur son sol avant de gagner l’Europe.

De leur côté, les Européens devraient reprendre dans l'UE un réfugié venant de Turquie, par des voies légales et organisées, pour chaque réfugié reconduit dans le pays.

>> Lire : L'UE et la Turquie se donnent 10 jours pour un accord sur les réfugiés

S'il estime ce mécanisme conforme aux normes internationales, le directeur Europe du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) Vincent Cochetel a affirmé, dans le Journal du matin, avoir "quelques inquiétudes sur une mesure qui viendrait à renvoyer tout le monde sur la Turquie".

Selon le représentant du HCR, "la Turquie a adopté récemment des lois qui sont bonnes. Pour autant, il y a encore des déficiences dans le système d’asile turc".

Nécessité de garanties supplémentaires

Le pays accueille de loin le plus grand nombre de Syriens au monde, avec 2,6 millions de réfugiés. Mais c'est la question des individus d'autres nationalités qui inquiète Vincent Cochetel. "Pour les Irakiens, les Afghans et les Iraniens, le taux de reconnaissance au statut de réfugié est très bas, de l’ordre de 3%. Renvoyer des gens qui n’auraient pas accès à la protection pose un certain nombre de problèmes au regard du droit international et du droit européen."

Le directeur Europe du HCR espère ainsi que des garanties supplémentaires seront mises en place au moment de la signature de l'accord définitif. Selon lui, les réfugiés renvoyés vers la Turquie devraient de fait avoir "accès à un examen de leur demande".

Et outre, Vincent Cochetel juge indispensable de s'assurer que les autorités turques possèdent suffisamment d'interprètes "pour que les gens puissent communiquer avec les forces de police qui les détiennent lors de leur retour".

kg

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