Modifié

Anders Breivik accuse l'Etat norvégien de violer les droits de l'Homme

Anders Breivik assigne l'Etat norvégien en justice pour traitement inhumain
Anders Breivik assigne l'Etat norvégien en justice pour traitement inhumain / 12h45 / 1 min. / le 15 mars 2016
Condamné à 21 ans de prison pour le meurtre de 77 personnes en Norvège en 2011, Anders Behring Breivik revient devant la justice mardi. L'extrémiste de droite accuse l'Etat de violer les droits de l'Homme.

L'extrémiste de 37 ans reproche à l'Etat d'enfreindre deux dispositions de la Convention européenne des droits de l'Homme, l'une interdisant les "peines ou traitements inhumains ou dégradants", l'autre garantissant le "droit au respect de sa vie privée (...) et de sa correspondance".

Pour des raisons de sécurité, le procès de quatre jours se tient derrière de hautes murailles grisâtres dans le gymnase de la prison de Skien, à 130 km au sud-ouest d'Oslo, où Breivik purge sa peine dans un régime de très haute sécurité.

La première journée doit être consacrée aux déclarations liminaires des avocats des deux parties. Breivik, qui a effectué un salut nazi à son arrivée au tribunal, s'exprimera pour sa part pendant environ trois heures mercredi matin.

De rares visites

A maintes reprises, Breivik a qualifié son régime carcéral de "torture". Il souffre de "séquelles évidentes" à cause de son isolement, affirme aujourd'hui son avocat.

"Une de ses principales activités était d'étudier, mais maintenant il a arrêté et c'est selon moi un signe que l'isolement est néfaste à sa santé psychologique", a-t-il ajouté.

Les visites, rarissimes, sont presque exclusivement le fait de professionnels, derrière une paroi de verre, et la correspondance de Breivik est passée au crible par les autorités qui jugent cela indispensable pour l'empêcher de former un "réseau extrémiste".

"Conformes à ce qui est permis"

Le Bureau du procureur général, qui défend l'État, estime que les conditions de détention sont "largement conformes à ce qui est permis" par la Convention européenne des droits de l'Homme.

"Il y a des limites à ses contacts avec le monde extérieur qui sont bien sûr strictes (...) mais il n'est pas totalement privé de tout contact avec d'autres personnes", a déclaré le juriste qui défendra l'État, citant ses interactions avec le personnel d'encadrement notamment.

>> Les enjeux du procès :

La santé mentale de Breivik a été la question centrale du procès. [NTB Scanpix/Pool/Reuters - Vegard Groett]NTB Scanpix/Pool/Reuters - Vegard Groett
Anders Behring Breivik attaque l’Etat norvégien pour traitement inhumain / Audio de l'info / 2 min. / le 15 mars 2016

afp/boi

Publié Modifié

Trois cellules à sa disposition

Anders Behring Breivik dispose de trois cellules, l'une de vie, l'autre d'études et la troisième pour les exercices physiques, avec un téléviseur, un ordinateur sans internet et une console de jeux.

Il peut aussi cuisiner et laver son linge, activités proposées en vue d'une hypothétique réinsertion dans la société norvégienne.

Le rappel des faits

Le 22 juillet 2011, Anders Behring Breivik avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit personnes, puis tiré sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utøya, faisant 69 autres victimes, pour la plupart des adolescents.

Il a été condamné en 2012 à 21 ans de prison, alors la peine maximale en Norvège. Celle-ci pourra être prolongée tant qu'il restera jugé dangereux.

Considéré comme un nouveau test pour l'État de droit, le procès risque de rouvrir des plaies dans le pays scandinave où l'on essaie d'oublier l'auteur des attaques les plus sanglantes perpétrées sur le territoire national depuis la Seconde Guerre mondiale.