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"Un Brexit permettrait une vraie politique de défense de l’Europe"

Radoslaw Sikorski, ancien ministre polonais des Affaires étrangères.
Le point de vue de l'ancien ministre polonais Radoslaw Sikorski sur le Brexit / Forum / 6 min. / le 17 mars 2016
Pour l'ancien ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, un Brexit permettrait une vraie politique de défense de l'Europe. Face aux migrants, il préconise un contrôle renforcé des frontières Schengen.

En poste jusqu'en 2014, Radoslaw Sikorski avait milité pendant ses fonctions pour une défense européenne plus forte. Il constate, dans une interview pour l'émission Forum lors de son passage à Fribourg, que les choses n'ont pas bougé: "L’Europe n’est toujours pas capable de stabiliser son voisinage immédiat et je regrette que l’Europe - en tant qu’Institutions européennes - ne soit leader dans aucune des crises actuelles", déplore-t-il.

Invité par les Britanniques, il dit avoir fait de son mieux pour éviter un Brexit. "J’essaie de persuader les Britanniques de rester mais s’ils quittent l’UE, je dois le dire, une vraie politique de défense de l’Europe deviendrait alors possible."

La Russie, "une alternative autoritaire à l'Europe"

L'ancien ministre polonais se montre par ailleurs pessimiste sur les relations entre l'Europe et la Russie. "Il y a dix ans, nous discutions avec la Russie d’un partenariat (…), on aurait eu un accord de libre-échange avec la Russie, avec les partenaires à l’Est et fondamentalement avec tous les territoires de l’ancienne Union soviétique (…) Mais maintenant, la Russie est clairement en train de prendre un chemin différent, elle se présente comme une alternative à l’Europe, une alternative autoritaire, ce qui est regrettable pour la Russie mais aussi pour l’Europe."

"Nous devons aider les vrais réfugiés"

Lui-même réfugié en Grande-Bretagne dans les années 80 lorsque la loi martiale avait été déclarée en Pologne, Radoslaw Sikorski se montre particulièrement sensible à la crise des migrants. Mais "nous devons aider les vrais réfugiés"  souligne-t-il, avant de rappeler que la Convention de Genève prévoit qu'un réfugié doit demander l’asile dans le premier pays sûr dans lequel il arrive. Et "il est clair que cette convention ne s’applique pas à la question migratoire actuelle", précise-t-il.

"La dure réalité, c’est qu’il y a un milliard d’individus, au sud de la Méditerranée, qui préfèreraient vivre en Europe pour sa sécurité, sa prospérité, sa démocratie, plutôt que là où ils se trouvent. Comme nous ne pouvons pas accueillir tout le monde, nous devons appliquer les lois."

Pour un contrôle renforcé des frontières Schengen

Pour assurer la liberté de l’espace Schengen, Radoslaw Sikorski estime qu'il faut sécuriser les frontières externes. "Donc, je suis favorable à accepter plus de réfugiés, voire plus de migrants, pour autant qu’il y ait un contrôle accru aux frontières extérieures de Schengen."

Il préconise pour cela une force commune européenne de gardes-frontière, "pour faire le travail quand un membre de l’UE est dépassé par la tâche."

>> Lire aussi : Sommet UE-Turquie pour tenter de résoudre la crise migratoire

Delphine Gendre/oang

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Journaliste puis homme politique

Ancien journaliste, Radoslaw Sikorski a notamment couvert la guerre en Afghanistan pour la presse internationale dans les années 80.

Entré en 1992 dans le gouvernement polonais comme vice-ministre de la Défense, il a milité à l'époque en faveur de l'intégration de la Pologne à l'OTAN.

Ministre de la Défense entre 2005 et 2007, il a été ensuite été nommé ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement de coalition du libéral Donald Tusk.

Il a adhéré alors à la Plate-forme civique (PO), parti libéral-conservateur pro-européen dont il est devenu le vice-président.