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"Bachar al-Assad ne quittera jamais le pouvoir syrien de lui-même"

Jean-Pierre Filiu. [CC-BY-SA - Pamputt]
Jean-Pierre Filiu, historien du Moyen-Orient / L'invité de la rédaction / 23 min. / le 18 mars 2016
Alors que les discussions sur la Syrie se poursuivent vendredi à Genève, l'historien du Moyen-Orient Jean-Pierre Filiu a rappelé sur la RTS que le président al-Assad ferait tout pour garder le pouvoir "un jour de plus".

"Bachar al-Assad ne partira jamais de lui-même", a insisté l'ancien diplomate interrogé dans le Journal du matin. "Il a préféré brûler son pays, en expulser la moitié de la population et libérer des djihadistes alors même qu'il embastillait et torturait par milliers des militants non-violents", a-t-il rappelé.

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Pour lui, "les Assad, père (Hafez Assad, au pouvoir de 1971 à 2000, ndlr) et fils, sont des survivants qui essaient de gagner chaque jour, et au fond ont assez peu de perspective dans le temps long. Pour eux, ce qu'il faut c'est rester au pouvoir, avec le pouvoir absolu, un jour de plus".

Or, l'historien estime que l'on perd un temps précieux dans la lutte contre le terrorisme à cause de Bachar al-Assad, que les Russes protègent. "Daech a réussi à rassembler 30 à 35'000 djihadistes venus du monde entier", souligne-t-il sans cacher craindre une attaque coordonnée et simultanée dans plusieurs villes européennes.

Trois causes de conflit

Aux yeux de Jean-Pierre Filiu, la guerre en Syrie se joue sur trois axes: la dynamique révolutionnaire, la lutte contre le djihadisme et la problématique kurde. Mais, alors qu'il faudrait unir les forces contre le groupe Etat islamique, "Bachar al-Assad et ses alliés pilonnent les forces syriennes qui pourraient lutter contre lui", note-t-il.

Et de rappeler que l'affaiblissement du régime Assad, mis à mal à l'été 2015 sur plusieurs fronts, avait motivé l'intervention russe, Moscou voulant sauver son protégé.

La question est désormais de savoir si Vladimir Poutine souhaite tirer le meilleur parti de son investissement en gardant sa puissance dominante en Syrie, mais sans Assad, s'interroge Jean-Pierre Filiu. Et ça, selon lui, on le saura dans les prochains jours.

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jgal

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