La bannière pour le dossier sur les attentats de Bruxelles et ses suites. [Keystone/AFP]
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Après les attentats de Paris et de Bruxelles, portrait d'une vaste nébuleuse terroriste franco-belge

Arrestation de Salah Abdeslam à Molenbeek le 18 mars, attaques meurtrières à Bruxelles le 22 mars, attentat déjoué à Argenteuil, en France, deux jours plus tard, multiples arrestations en Belgique et ailleurs en Europe: ces événements ont mis en lumière l'existence d'une nébuleuse djihadiste franco-belge.

Il semblerait que ce vaste réseau se soit constitué il y a plus d'un an autour de la figure d'Abdelhamid Abaaoud, un djihadiste belge considéré comme le principal organisateur des attentats de Paris, qui avait trouvé la mort dans un assaut policier quelques jours après les attaques.

Pour y voir plus clair dans ce dossier, RTSinfo fait le point sur les révélations les plus récentes et dresse le portrait des membres présumés de cette cellule terroriste, qu'ils soient morts, arrêtés ou encore en fuite.

Dossier réalisé par Didier Kottelat

Arrestation de Salah Abdeslam

Le fugitif de Molenbeek et ses complicités

Le vendredi 18 mars, quatre jours avant les attentats de Bruxelles, Salah Abdeslam est arrêté à Molenbeek, à Bruxelles, après quatre mois de traque. Ce Français de 26 ans était l'homme le plus recherché du continent pour son rôle-clé dans les attentats de Paris du 13 novembre, qui ont fait 130 morts.

>> Le compte rendu de l'arrestation dans le 19h30 du 18 mars :

Salah Abdeslam a été arrêté en Belgique
Salah Abdeslam a été arrêté en Belgique / 19h30 / 1 min. / le 18 mars 2016

Durant sa fuite, Salah Abdeslam a bénéficié de nombreuses complicités pour échapper aux policiers. Sa trace réapparaît le 15 mars lors d'une perquisition dans un appartement situé à Forest, une commune de Bruxelles.

>> Lire : Ce que l'on sait du parcours de Salah Abdeslam

Durant cette opération, Mohamed B. est tué. Cet Algérien de 36 ans est soupçonné d'avoir joué un rôle important dans les attentats de Paris, en coordonnant les attaques depuis Bruxelles.

Salah Abdeslam réussit de son côté à prendre la fuite avec un complice, Amine C. Ce dernier sera lui aussi interpellé le 18 mars durant le raid de Molenbeek, puis inculpé de "meurtres terroristes". Parallèlement, Abid A., le logeur des deux fugitifs à Molenbeek, est aussi arrêté.

>> Lire aussi : Les enquêteurs belges peu curieux sur les complicités d'Abdeslam à Bruxelles

Attentats de Bruxelles (1)

Les membres du commando de l'aéroport de Zaventem

Mardi 22 mars peu avant 08h00, deux hommes commettent un double attentat suicide à l'aéroport international de Bruxelles à Zaventem. Ils ont été identifiés comme étant Ibrahim B., un Belge de 29 ans, et un autre Belge, Najim Laachraoui, 25 ans, par ailleurs artificier des attentats de Paris le 13 novembre 2015.

>> Des images saisissantes de l'aéroport juste après les explosions :

Des images saisissantes à l'intérieur de l'aéroport de Bruxelles juste après l'explosion
Des images saisissantes à l'intérieur de l'aéroport de Bruxelles juste après l'explosion / L'actu en vidéo / 2 min. / le 22 mars 2016

Surnommé l'"homme au chapeau", le troisième homme filmé par les caméras de surveillance aux côtés des deux kamikazes a été arrêté vendredi 8 avril lors d'un raid éclair en pleine rue dans la commune bruxelloise d'Anderlecht. Il s'agit de Mohamed Abrini, un ami d'enfance des frères Abdeslam.

Ce Belgo-Marocain de 31 ans était aussi recherché dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris. Le parquet belge l'a inculpé de "participation aux activités d'un groupe terroriste, d'assassinats terroristes et de tentatives d'assassinats terroristes".

>> Lire aussi : Mohamed Abrini avoue être "l'homme au chapeau" de l'aéroport de Bruxelles

Dans un premier temps, la police belge avait suspecté Fayçal C., un Belge domicilié à Bruxelles soupçonné d'être un recruteur de candidats au djihad, d'être le troisième terroriste. Interpellé jeudi 24 mars, deux jours après les attentats de Bruxelles, il avait finalement été relâché quelques jours plus tard.

>> Lire : La police belge libère Fayçal C., qui était suspecté d'être "l'homme au chapeau"

Attentats de Bruxelles (2)

Les membres du commando de la station Maelbeek

Un peu plus d'une heure après les explosions à l'aéroport, un kamikaze se fait sauter dans une rame du métro à la station Maelbeek, dans le quartier européen de Bruxelles. L'auteur de l'attentat-suicide est identifié comme étant Khalid B., 27 ans, le frère d'un des kamikazes de Zaventem.

Osama K., un Suédois de 23 ans né de parents syriens, a été interpellé vendredi 8 avril à Laeken, dans l'agglomération de Bruxelles. Sa présence à la station de métro Pétillon en compagnie de Khalid B. juste avant l'attentat a été attestée par des images de vidéosurveillance.

Parti en Syrie en janvier 2015, ce jeune homme qui a grandi à Malmö serait revenu en Europe en septembre 2015 à l'aide d'un faux passeport syrien au nom de Naïm Al-Hamed, en se faisant passer pour un réfugié. Il est notamment soupçonné d'avoir acheté les sacs utilisés pour l'attentat de l'aéroport de Zaventem.

>> Le reportage de Temps Présent: "Belgique, au coeur des attentats" (24 mars) :

Belgique, au coeur des attentats (1-2)
Belgique, au coeur des attentats (1/2) / Temps présent / 17 min. / le 24 mars 2016

Arrestations en série

Les individus interpellés après les attentats de Bruxelles

Outre Fayçal C., cinq autres personnes ont été interpellées jeudi 24 mars dans la région de Bruxelles en relation avec les attentats qui ont ensanglanté la capitale européenne, faisant 35 morts selon le dernier bilan.

>> Lire : Le bilan des attentats de Bruxelles s'alourdit à 35 morts

Après interrogatoire, un seul homme, Aboubakar A., a été maintenu en détention et inculpé de "participation aux activités d'un groupe terroriste".

Interpellés dimanche 27 mars dans plusieurs villes belges, trois autres suspects - Yassine A., Mohamed B. et Aboubaker O. - ont été inculpés le lendemain, eux aussi pour "participation aux activités d'un groupe terroriste", sans que l'on sache s'ils sont liés aux attentats de Bruxelles.

Par ailleurs, un Algérien de 40 ans nommé Djamal O. a été arrêté samedi 26 mars près de Salerne, dans le sud de l'Italie. Il serait lié à la fabrication de faux passeports utilisés par les kamikazes de Bruxelles et de Paris, ainsi que leurs complices.

Interpellé vendredi 8 avril à Bruxelles, Bilal M., 27 ans, est soupçonné d'avoir aidé Mohamed Abrini et Osama K. dans leur cavale. Il a été inculpé de "participation aux activités d'un groupe terroriste et d'assassinats terroristes".

Condamné en janvier 2015 à cinq ans de prison, dont trois avec sursis, pour son implication dans une filière djihadiste vers la Syrie, Bilal M. avait été autorisé à purger le reste de sa peine sous surveillance chez lui un mois avant son interpellation.

Enfin, un Rwandais de 25 ans nommé Hervé B. M., interpellé lui aussi le vendredi 8 avril à son domicile à Laeken, dans la région bruxelloise, a également été inculpé.

Attentat déjoué en France

Effet domino après l'arrestation d'un djihadiste à Argenteuil

La France a annoncé jeudi 22 mars avoir arrêté un Français de 34 ans, Reda K., soupçonné d'appartenir à un réseau projetant un attentat sur le territoire français. Des armes et des explosifs ont été découverts à son domicile à Argenteuil, dans la banlieue de Paris.

>> Lire : La France annonce avoir déjoué un projet d'attentat "avancé" sur son territoire

Après six jours de garde à vue, Reda K. a été mis en examen et placé en détention provisoire mercredi 31 mars. Le djihadiste présumé préparait avec ses complices une action "imminente" et d'une "extrême violence", a déclaré le procureur de Paris François Molins.

Bien que cette enquête soit distincte de celle sur les attentats de Bruxelles et de Paris, elle démontre l'imbrication des réseaux djihadistes français et belges. Reda K. connaissait en effet Abdelahamid Abaaoud, soupçonné d'être le principal organisateur des attentats de Paris, et avait été condamné par contumace avec lui, en juillet 2015, dans un procès de filière vers la Syrie.

D'ailleurs, vendredi 25 mars, deux hommes ont été interpellés à Bruxelles dans cette enquête. Rabah N., arrêté à Saint-Gilles, et Abderrahmane A., blessé lors de son arrestation à Schaerbeek, ont été inculpés de "participation aux activités d'un groupe terroriste".

Dimanche 27 mars, un quatrième suspect, Anis B., a été arrêté, cette fois-ci aux Pays-Bas, à Rotterdam. Ce Français de 32 ans domicilié dans le Val-de-Marne, qui a séjourné en Syrie, est soupçonné d'avoir été mandaté par l'EI pour commettre un attentat en France.

>> Lire : Un Français arrêté à Rotterdam lié au projet d'attentat déjoué en France

Le rôle d'Abdelhamid Abaaoud

La figure centrale du réseau franco-belge

Le Belge Abdelhamid Abaaoud est décédé le 18 novembre 2015 dans un assaut mené contre un appartement de Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, alors qu'il préparait, selon la police, de nouvelles attaques dans la capitale française.

>> Les derniers jours d'Abdelhamid Abaaoud (19h30, 25 novembre 2015) :

Attentats de Paris: le parcours d'Abdelhamid Abaaoud a été retracé
Attentats de Paris: le parcours d'Abdelhamid Abaaoud a été retracé / 19h30 / 2 min. / le 25 novembre 2015

Le nom de cette figure de la propagande du groupe Etat islamique (EI) était apparu dans plusieurs enquêtes de l'antiterrorisme en France et en Belgique. "Les attentats (de Paris et de Bruxelles) ont été réalisés par une même cellule franco-belge, dont le noyau s'était formé il y a plus d’un an autour d’Abdelhamid Abaaoud", écrivait ainsi Le Monde deux jours après les attaques dans la capitale belge.

Sa présence à bord de la voiture qui a attaqué des bars et restaurants des Xe et XIe arrondissements de Paris le 13 novembre est établie. Il aurait en outre dirigé plusieurs attaques dont celle du Musée juif de Bruxelles en mai 2014 et celle du Thalys Bruxelles-Paris, en août dernier.

Il se vantait également d'avoir échappé à la police belge lors d'une opération des unités spéciales menée en janvier 2015 à Verviers, près de Liège, dans l'est de la Belgique, où deux islamistes avaient péri.