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"Quelque chose doit changer dans ce pays", estime une journaliste belge

Béatrice Delvaux. [Eric Lalmand]
Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef au journal belge Le Soir / L'invité de la rédaction / 20 min. / le 29 mars 2016
"C'est pas moi, c'est l'autre", c'est la faute de tel ou tel parti, bourgmestre ou communauté linguistique. Depuis les attentats de Bruxelles, la fracture qui sépare les Belges s'est encore aggravée, déplore Béatrice Delvaux, éditorialiste au Soir.

"Malgré 35 morts, les Belges continuent à se disputer en public et sur les plateaux TV". Selon Béatrice Delvaux, interrogée lundi dans le Journal du matin de la RTS, les attentats de Bruxelles n'ont rien changé aux dysfonctionnements qui paralysent la Belgique. Ils les ont même accrus.

Signant dans Le Soir un commentaire intitulé "Quelque chose doit changer dans ce pays", l'éditorialiste du journal belge se demande si une Belgique aussi divisée peut gérer des attentats et si une meilleure concertation aurait pu éviter ce drame.

>> Lire aussi son édito: "Mes excuses": lettre à mon fils, à ma fille

"Découpage et non coordination"

Après les débordements de dimanche lors de la manifestation en hommage aux victimes, tout le monde s'est renvoyé la balle sur la présence de dizaines de fascistes. Les uns ont accusé le gouvernement, les autres tel ou tel bourgmestre, d'autres encore les Flamands, les Wallons ou une Bruxelles inactive.

Idem sur la gestion des transports après les attentats: la communication entre les différents échelons de pouvoir n'a pas fonctionné et personne ne savait au final comment réagir.

Depuis des dizaines d'années, relève Béatrice Delvaux, les hommes politiques ont invoqué la démocratie belge pour découper les compétences entre Etat, ministères, municipalités, communautés linguistiques ou arrondissements électoraux, et ce "au détriment de la coordination".

Cette paresse à travailler ensemble devient une honte

Béatrice Delvaux

"La non-coordination, ce refus, cette paresse de travailler ensemble, ce rejet de la faute sur l'autre niveau de pouvoir (...) devient une honte lorsque nous arrivons politiquement à nous demander, une semaine à peine après les attentats, si cette faillite dans l'organisation de l'Etat, n'est pas pour beaucoup dans les 35 morts", critique la journaliste dans son édito.

Quelle solution?

Et Béatrice Delvaux de se demander si quelqu'un pourra durant les prochains mois faire en sorte que les gens des différents échelons se mettent autour de la table. Certains politiciens ou hommes de médias ont lancé des appels en ce sens, mais la fracture semble tenace.

Entre Wallons et Flamands, la faille pourrait encore s'agrandir si les deux communautés continuent de se rejeter les responsabilités. Certains partis, comme les nationalistes flamands du N-VA pourraient aussi profiter de l'occasion pour appuyer sur les dysfonctionnements. Côté francophones, la gauche et la droite peinent à s'entendre face aux crises.

Il y a quelque chose qui ne va pas dans notre Royaume

Béatrice Delvaux

Au final, conclut l'éditorialiste, "il y a quelque chose qui ne va pas dans notre Royaume" et la seule manière de s'en sortir est d'agir ensemble.

>> Ecouter aussi la position du journaliste Jean Quatremer sur le maillon sécuritaire belge :

Jean Quatremer. [CC BY-SA 3.0 - Claude Truong-Ngoc]CC BY-SA 3.0 - Claude Truong-Ngoc
La Belgique, maillon faible sécuritaire de l’Europe, selon le journaliste Jean Quatremer / Le Journal du matin / 1 min. / le 29 mars 2016

boi

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