L'affaire a débuté avec la diffusion le 17 mars d'un clip satirique produit par la chaîne régionale publique allemande NDR, qui a déplu à Recep Tayyip Erdogan au point d'entraîner la convocation à deux reprises de l'ambassadeur d'Allemagne en Turquie, Martin Erdmann.
"Vantard du Bosphore"
La chanson moqueuse "Erdowie, Erdowo, Erdogan" dénonce notamment les atteintes à la liberté de la presse commises par le président turc, la répression des manifestations et une dérive autoritaire du pays.
Elle critique aussi les dépenses pharaoniques engagées pour la construction par le leader islamo-conservateur de son luxueux palais près de la capitale turque, digne d'un "Reich" ottoman.
"Il mène un grand train de vie, ce vantard du Bosphore, un journaliste qui écrit ce qui ne plaît pas à M. Erdogan se retrouve le lendemain derrière les barreaux", ironise ainsi la chanson incriminée.
Erdogan nommé "collaborateur du mois"
Autant dire que l'intéressé n'a pas du tout apprécié. Ankara a demandé l'arrêt de la diffusion du clip, mais l'ambassadeur d'Allemagne a expliqué que la liberté de la presse et la liberté d'expression ne relevaient pas du champ d'action du gouvernement en Allemagne.
Mercredi, le porte-parole du gouvernement allemand a précisé que ces libertés étaient "non négociables" dans le cadre des discussions avec la Turquie.
Les responsables de l'émission satirique se sont déclarés honorés de compter le président turc parmi leurs téléspectateurs. Au vu de la propagation virale du clip, ils ont de plus couronné sur Twitter Recep Tayyip Erdogan "collaborateur du mois" (voir ci-dessous).
dk avec agences
Procès contre deux journalistes d'opposition en toile de fond
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, d'abord comme Premier ministre puis président depuis 2014, est accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs.
Connu pour ses déclarations controversées, il a vivement critiqué ces derniers jours la présence vendredi de diplomates occidentaux, dont ceux de l'Allemagne et de la France notamment, à l'ouverture du procès de deux journalistes d'opposition à Istanbul.
Les deux journalistes, accusés d'espionnage, risquent la prison à vie pour un article mettant en cause le régime turc dans des livraisons d'armes à des rebelles islamistes en Syrie, en janvier 2014.