Modifié

Les rouages du scandale Petrobras qui fait vaciller les puissants du Brésil

L'actuelle présidente du Brésil Dilma Rousseff et son mentor, l'ex- président Lula, sont éclaboussés par le scandale Petrobras. [Brazil Photo Press - RICARDO BOTELHO]
L'actuelle présidente du Brésil Dilma Rousseff et son mentor, l'ex- président Lula, sont éclaboussés par le scandale Petrobras. - [Brazil Photo Press - RICARDO BOTELHO]
Le vaste scandale de corruption Petrobras implique les plus grands acteurs économiques du Brésil et rejaillit violemment sur la coalition au pouvoir. Comment un tel système a-t-il pu voir le jour?

Mardi, le grand parti centriste brésilien PMDB a décidé de claquer la porte de la coalition de la présidente de gauche Dilma Rousseff.

>> Lire : Le parti centriste brésilien PMDB quitte la coalition de la présidente Rousseff

Cette démission collective, qui pourrait à court terme entraîner la destitution de l'actuelle cheffe d'Etat, n'est que la dernière onde de choc d'un immense scandale de corruption aux multiples ramifications, au centre duquel se trouve l'entreprise pétrolière étatique Petrobras.

L'affaire fait vaciller les géants économiques du Brésil depuis sa révélation en mars 2014, et a récemment pris une tournure plus politique avec l'évocation de poursuites pénales à l'encontre de l'ex- président Lula.

>> Les dates-clés du scandale brésilien Petrobras

>> Les conséquences politiques depuis le 4 mars (si vous êtes sur mobile, cliquez ici):

Petrobras, le séisme politico-judiciaire brésilien

Petrobras au coeur d'une corruption institutionnalisée

Entre le début des années 2000 et 2014 Petrobras, l'une des plus grandes entreprises brésiliennes, est au coeur d'un système de corruption nourri par la croissance et le boom des matières premières, en particulier du pétrole.

Trois types d'acteurs sont impliqués : les responsables de Petrobras, les cadres dirigeants des principales entreprises de construction du Brésil et des politiciens.

En octobre dernier, le procureur a estimé que les pertes liées à ce scandale pourraient dépasser les 5 milliards de dollars (environ autant de francs suisses).

Quelles entreprises sont visées par l'enquête?

Parmi les acteurs économiques, outre Petrobras, pas un géant du secteur du BTP brésilien n'a échappé au viseur de la justice : OAS, Odebrecht, Camargo Corrêa, Mendes Junior, Galvão, Iesa, Engevix, Constran-UTC.

Considéré comme une figure centrale parmi les protagonistes du secteur privé, l'homme d'affaires Marcelo Odebrecht a été condamné au début du mois à 19 ans de prison. D'autres PDG et cadres dirigeants de ces entreprises ont été emprisonnés dans la foulée de l'investigation.

>> Lire : Marcelo Odebrecht condamné à 19 ans de prison en lien avec Petrobras

Du côté de Petrobras, un ancien directeur a été condamné à 12 ans de prison en février 2016. L'ancien responsable des approvisionnements du géant pétrolier est pour sa part assigné à résidence jusqu'en octobre prochain. En février 2015, la présidente du géant pétrolier, Graças Foster, et l'ensemble de sa direction se sont résignés à démissionner.

Des dizaines de politiciens dans la tourmente

L’enquête a par ailleurs mis en lumière l’implication de dizaines de politiciens issus du Parti des travailleurs (PT, gauche) -le parti de Lula et de la présidente Dilma Rousseff-, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre) et du Parti progressiste (PP, droite). Il y a un an, le parquet du Brésil a demandé l'ouverture d'une enquête sur une cinquantaine de politiques.

>> Lire : Plus de 50 politiciens ciblés par la justice dans l'affaire Petrobras

Le 4 mars, l'ancien président Lula a été brièvement interpellé. Selon la police, des éléments de l'enquête montrent que les pratiques frauduleuses au sein de Petrobras auraient enrichi l'ex-président et lui auraient permis de financer des campagnes électorales.

L'ancien président brésilien Lula interrogé et perquisitionné

Quant à la présidente, elle n’a pas été citée nommément par les enquêteurs mais elle est sur la sellette depuis des mois. Une large frange de l’opinion considère qu'elle "ne pouvait pas ne pas savoir": rappelons que sur la période concernée, elle a été ministre de l’Energie, ministère de tutelle de Petrobras, et ensuite chef de cabinet du président Lula. A ce titre, elle a présidé le conseil d’administration de Petrobras.

D'autres figures politiques brésiliennes sont éclaboussées par le scandale: ainsi du président de la Chambre des députés du Brésil, Eduardo Cunha, qui est soupçonné d'avoir reçu au moins 5 millions de dollars de pots-de-vin et sera jugé par la Cour suprême.

Le président de l'Assemblée du Brésil sera jugé dans l'affaire Petrobras

ptur

Publié Modifié