Le 4e Forum mondial sur la sécurité nucléaire se tient jeudi et vendredi aux Etats-Unis, alors que le spectre d'une bombe sale plane dans tous les esprits après les récents attentats de Bruxelles et de Paris.
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La peur de voir du matériel nucléaire tomber dans les mains de terroristes, en particulier de djihadistes de l'EI, a d'ailleurs dicté l'ordre du jour pour la cinquantaine de pays représentés à Washington (voir encadré).
De nombreux réacteurs exposés aux cyber-attaques
Cliquer sur les pays pour obtenir tout le détail. L'indice prend en compte divers critères (risques structurels, application des normes internationales, mesures de sécurisation, etc.). Les points noirs figurent les pays qui disposent de matière pouvant servir à la fabrication d'armes nucléaires.
Il faut dire que malgré les tentatives de persuasion de Barack Obama, qui avait inauguré le premier sommet sur la sécurité nucléaire en 2010, une grande partie du plutonium et de l'uranium enrichi dans le monde reste vulnérable.
"Malgré l'impact positif de ces sommets, l'objectif stratégique consistant à développer un système de sécurité nucléaire efficace et mondial n'est pas atteint à ce jour" indique dans un rapport paru en mars la Nuclear Threat Initiative (NTI), une organisation composée d'experts engagée contre la prolifération nucléaire (source de la carte ci-dessus).
Le rapport indique par exemple que les réacteurs nucléaires de nombreux pays sont vulnérables aux cyber-attaques.
Des progrès constants, mais qui ralentissent
La NTI a conçu un "indice de sécurité nucléaire", qui mesure la capacité de chaque pays à sécuriser la matière pouvant servir à la fabrication d'armes nucléaires.
Malgré quelques progrès, cet indice révèle qu'il n'y a pas eu d'amélioration sur certains points cruciaux, comme la protection physique des sites nucléaires ou la sécurisation du transport des matériaux radioactifs, depuis le dernier sommet en 2014.
Les observateurs estiment aussi que les efforts pour rendre le monde plus sûr ont été ralentis par des décisions individuelles de pays. Outre le risque chronique représenté par la Corée du Nord, le Pakistan a par exemple fait un pas vers des armes nucléaires plus petites et tactiques, qui pourraient fragiliser davantage une région déjà instable.
ptur avec reuters
Le sommet nucléaire se penche sur la menace djihadiste
L'attention des dirigeants mondiaux réunis à Washington doit glisser vendredi vers le groupe Etat islamique (EI), après s'être beaucoup concentrée jeudi sur la Corée du Nord. Les discussions des dirigeants doivent dépasser le seul risque nucléaire, pour aborder aussi la question du partage des renseignements.
Les représentants des six grandes puissances qui ont négocié l'accord sur le nucléaire iranien doivent aussi faire le point sur l'application de l'accord par Téhéran, pour l'instant sans problème selon Washington.
Les discussions sur la sécurité nucléaire proprement dites comprendront un échange autour d'un scénario fictif d'un incident de sécurité nucléaire, une première dans les quatre sommets de ce type réunis par l'administration Obama.
La "menace" des "fous" de l'EI persiste, selon Barack Obama
Le président américain Barack Obama a prévenu vendredi, à l'ouverture de la session plénière du sommet international sur la sûreté nucléaire, que la "menace" d'un acte de "terrorisme nucléaire" qui serait perpétré par des djihadistes "fous" de l'Etat islamique (EI) continuait de planer sur la communauté internationale, en dépit des efforts mondiaux pour la contrecarrer.
"Heureusement, grâce à nos efforts coordonnés, aucun groupe terroriste n'a réussi jusqu'à présent à acquérir une arme nucléaire ou une bombe sale faite de matériaux radioactifs", a-t-il toutefois souligné.
Mais Barack Obama a rappelé que le groupe islamiste "Al-Qaïda avait longtemps cherché (à s'emparer) de matériaux nucléaires".