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"Des révélations sur la base de documents volés, cela pose problème"

Pierre Péan. [AFP - Miguel Medina]
Pierre Péan relativise l'ampleur de l'enquête sur les "Panama Papers" / Le Journal du matin / 4 min. / le 5 avril 2016
Interrogé mardi par la RTS, le journaliste français Pierre Péan s'est dit très mal à l'aise face à la méthodologie utilisée dans l'enquête sur les "Panama Papers".

"Les Panama Papers, ce sont des documents volés ou en tout cas détournés, et toute la mécanique qui se met en place est une mécanique, certes de collaboration entre des journaux, ce qui est sympathique, mais à partir de quelque chose qui n'a pas été obtenu légalement", estime cette figure française du journalisme d'investigation interrogée dans le Journal du matin.

Pour lui, cela pose la question de la définition du métier de journaliste.

Investigation ou analyse?

Si le directeur du Monde parle lui de "basculement de l'investigation journalistique" pour évoquer le travail de 370 journalistes de 109 rédactions du monde entier pour analyser plus de 11 millions de documents, Pierre Péan se montre plus circonspect.

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"Ce n'est pas du tout une investigation, mais une analyse de documents volés", relativise-t-il. Et d'ajouter que cette analyse n'est pas faite "avec les règles qui sont les règles habituelles de la justice", à savoir le secret d'instruction et la présomption d'innocence. "Là, ce n'est pas encadré et on peut au moins se poser beaucoup de questions sur les protections du citoyen".

Est-ce au journaliste de déterminer s'il a le droit de voler ou non au nom d'un bien commun supérieur que lui seul peut déterminer?

Pierre Péan, journaliste

En exemple, il cite le cas de Michel Platini qui a réagi aux révélations à son égard dans un communiqué où il assure que ce qu'on lui reproche était connu et fait légalement. "Je ne me prononce pas sur le fond, c'est à la justice de trancher, mais si c'est le cas, c'est un problème de le mettre en pâture comme si c'était le dernier des voyous", considère-t-il.

Changement de société

Sur La Première, Pierre Péan pousse la réflexion jusqu'à imaginer un changement complet de la société où "le quatrième pouvoir (celui des médias, ndlr) peut devenir un pouvoir antérieur à celui de la justice".

Et de demander: "Est-ce au journaliste de déterminer s'il a le droit de voler ou non au nom d'un bien commun supérieur que lui seul peut déterminer? Tout cela mérite des débats entre tous les acteurs de la société".

jgal

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