"Je déclare la session ouverte, sous la protection de Dieu et au nom du peuple brésilien", a déclaré le président du Congrès des députés Eduardo Cunha, farouche adversaire de Dilma Rousseff, accusée de maquillage de comptes publics.
"Il n'y aura pas de coup d'Etat! Il n'y aura pas de coup d'Etat!", criaient les députés de la gauche au pouvoir.
"Je suis Brésilien, avec orgueil, et je joue sans peur", chantaient les députés de l'opposition ceints d'écharpes jaunes et vertes, reprenant l'hymne des supporters brésiliens pendant la Coupe du monde de football.
Deux tiers des votes nécessaires
Depuis vendredi, les 513 députés s'affrontent en séance plénière dans des joutes enflammées pour ou contre la destitution. Mais les débats ont pris du retard et le verdict devrait tomber dans la nuit de dimanche à lundi. Chaque député a dix secondes pour annoncer publiquement son vote.
L'opposition devra s'assurer de deux tiers des votes des membres de la chambre basse (342 sur 513) pour que la procédure de destitution soit soumise à l'approbation du Sénat.
Dans le cas contraire, Dilma Rousseff sauverait immédiatement son mandat. Elle a annoncé qu'elle proposerait "un grand pacte national sans vainqueur ni perdant" pour sortir le Brésil de l'ornière.
En cas de défaite, vote à majorité simple au Sénat
En cas de défaite, la première femme élue à la tête du Brésil, en 2010, se retrouverait dans une posture très critique: il suffirait ensuite d'un vote à la majorité simple des sénateurs, en mai, pour qu'elle soit mise formellement en accusation et écartée du pouvoir pendant au maximum six mois dans l'attente d'un jugement final.
Son ancien allié centriste, le vice-président Michel Temer, 75 ans, qui brigue désormais ouvertement son fauteuil, la remplacerait dans l'intervalle et formerait un gouvernement de transition.
afp/fme/vtom
Accusée d'avoir truqué les comptes publics
Dilma Rousseff est accusée par l'opposition de droite d'avoir truqué les comptes publics du Brésil pour dissimuler l'ampleur des déficits et favoriser sa réélection en 2014.
Elle conteste, accusant une opposition revancharde de fomenter un coup d'Etat institutionnel pour l'évincer, au mépris des 54 millions de Brésiliens qui l'ont réélue.
Sa popularité s'est effondrée en 2015 à un plancher historique de 10% et est légèrement remontée en avril à 13%. Plus de 60% des Brésiliens souhaitent son départ.
Manifestations peu importantes
Des manifestations beaucoup moins importantes que prévu mobilisaient dimanche des milliers de personnes pour ou contre la destitution parlementaire de la présidente Dilma Rousseff dans les principales villes du Brésil, le jour où les députés devaient se prononcer.
Cette mobilisation est également bien moins grande que les semaines précédentes, marquées par des défilés de dizaines de milliers de personnes pour demander ou au contraire refuser la destitution de la présidente de gauche.
A Brasilia, centre névralgique de la crise politique, quelque 7000 personnes opposées à la destitution étaient rassemblées près du stade Mané Garrincha et affluaient dans la journée vers l'Esplanade des ministères.