Le camp de la destitution l'a emporté par 367 voix, 25 de plus que les 342 requises (2/3) pour autoriser le Sénat à mettre en accusation la présidente de gauche Dilma Rousseff. Ce vote historique s'est déroulé dans une ambiance survoltée.
Seuls 137 députés, de gauche et d'extrême gauche pour l'essentiel, ont voté contre la destitution.
Le leader du Parti des Travailleurs à la Chambre des députés du Brésil, José Guimaraes, avait anticipé cette "défaite provisoire" un peu plus tôt. "Les putchistes ont gagné ici à la chambre, mais cette défaite provisoire ne signifie pas que la guerre est perdue", a-t-il déclaré.
Au Sénat de décider
Accusée d'avoir truqué les comptes publics pour dissimuler l'ampleur des déficits et de la récession économique en 2014, année de sa réélection, la dirigeante de gauche nie avoir commis un crime dit "de responsabilité" et dénonce une tentative de "coup d'Etat" institutionnel.
Si le Sénat décide que la procédure peut se poursuivre, ce qui semble probable, Dilma Rousseff sera automatiquement suspendue et son vice-président Michel Temer exercera les fonctions de chef de l'Etat.
>>Voir les scènes de joies dans les rues de Brasilia, Sao Paulo et Rio de Janeiro après l'annonce du vote:
afp/br/sbad
Le parcours d'une battante
Héritière politique de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, Dilma Rousseff, ex-guérillera emprisonnée et torturée sous la dictature, est entrée dans l'histoire en 2011, en devenant la première femme présidente du Brésil.
Elle risque à présent d'y rejoindre Fernando Collor de Mello, seul président brésilien à avoir été à ce jour destitué, pour corruption, en 1992.
Ambiance survoltée
Empoignades, insultes: cette session extraordinaire s'est déroulée dans un lourd climat d'affrontement dès son ouverture par le président du Congrès Eduardo Cunha, ennemi juré de la présidente, sous les huées des élus de gauche. Lui est inculpé pour corruption dans le scandale des détournements de fonds du géant pétrolier étatique Petrobras.
Après de longues minutes de confusion où les députés ont failli en venir aux mains, le calme est ensuite à peu près revenu. Après les interventions des chefs des groupes parlementaires, chaque élu a eu dix secondes pour annoncer son vote au micro.
Les élus conservateurs ceints d'écharpes jaune et vert parlaient de "nettoyer le pays de la corruption". "Ciao Dilma!", lançaient certains députés.