"Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement mon mandat, c'est le respect des urnes, de la souveraineté du peuple brésilien et de la Constitution", a déclaré Dilma Rousseff dans sa première déclaration après le vote sénatiorial.
Elle a aussi répété qu'elle était victime d'un "coup d'Etat" et d'une "farce juridique et politique", et que son gouvernement avait subi "un intense sabotage".
Aux Brésiliens qui s'opposent au coup d'Etat, qu'ils soient de n'importe quel parti, je lance un appel: maintenez-vous mobilisés, unis et dans la paix
"Temer, dehors!", ont lancé les partisans de la présidente suspendue devant le palais présidentiel en référence au vice-président Michel Temer, qui a pris possession des fonctions présidentielles.
Les sénateurs ont pris leur décision historique à l'issue d'une session marathon à Brasilia, qui a duré une vingtaine d'heures. Une majorité simple a ainsi été réunie pour ouvrir le procès pour "crime de responsabilité" et écarter Dilma Rousseff du pouvoir pendant un maximum de six mois, en attendant le jugement final, prévu en septembre, après les Jeux olympiques de Rio de Janeiro (5-21 août).
Nouveau gouvernement en préparation
Le vice-président Michel Temer, 75 ans, devrait annoncer dans la journée la formation d'un gouvernement axé sur le redressement économique. Dilma Rousseff, une ancienne guerillera qui a survécu à la torture sous la dictature, a accusé son ancien allié d'avoir ourdi un coup d'Etat institutionnel.
Pour destituer Dilma Rousseff à l'issue du procès, une majorité des deux tiers du Sénat sera requise. Or, lors du vote ce jeudi, celle-ci a été atteinte, poussant le leader de l'opposition Aecio Neves à prédire que le nouveau gouvernement "ne sera pas seulement temporaire".
En pleine tourmente, le géant émergent d'Amérique latine tourne ainsi la page de 13 ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT), ouverte en 2003 par Luiz Inacio Lula da Silva.
Affaires personnelles emballées
Première femme élue présidente du Brésil en 2010, Dilma Rousseff, 68 ans, avait déjà fait emballer ses effets personnels avant de quitter le palais du Planalto, a confié un collaborateur sous couvert d'anonymat.
Dans les rues de villes comme Brasilia ou Sao Paulo, opposants et supporters de Dilma Rousseff se sont fait face, parfois en s'invectivant au point que les forces de l'ordre ont dû intervenir.
agences/bri